mercredi 30 janvier 2013

HAPPINESS THERAPY

2h02 - Sortie le 30 Janvier 2013

Un film de David O'Russel avec Bradley Cooper, Jennifer Lawrence et Robert De Niro
Pat Solatano a tout perdu : sa maison, son travail et sa femme. Il se retrouve même dans l’obligation d’emménager chez ses parents. Malgré tout, Pat affiche un optimisme à toute épreuve et est déterminé à se reconstruire et à renouer avec son ex-femme. Rapidement, il rencontre Tiffany, une jolie jeune femme ayant eu un parcours mouvementé. Tiffany se propose d’aider Pat à reconquérir sa femme, à condition qu’il lui rende un service en retour. Un lien inattendu commence à se former entre eux et, ensemble, ils vont essayer de reprendre en main leurs vies respectives.

La Moyenne des Ours : 3,5/5

Le Mot du Comte : 3/5
"Happiness Therapy" est une comédie dramatico-romantique assez sympathique, même si elle est, dans sa forme et son montage, assez scolaire.
Les performances de Bradley Cooper et Jennifer Lawrence sont bien aidées par des personnages bien caractérisés et bien écrits. L'écriture, c'est la force première du film. Le scénario est en effet très habile et a le mérite de nous tenir en haleine pendant deux heures, sans trop sombrer de les clichés et la niaiserie. C'est aussi la faiblesse du film, le surplein de caractérisation. Ce sont les rôles de De Niro et Tucker qui en pâtissent. Leurs personnages ne vivent que par leurs singularités, et non parce qu'ils font quelque chose. C'est un peu dommage. La mise en scène du film peut effrayer dans le premier quart d'heure, tant elle est éclatée (beaucoup de caméra épaule, beaucoup de raccords étranges).
"Happiness Therapy" est un film plaisant et léger, mais qui aspirait à être plus profond et plus marquant, comme son postulat de départ le laissait penser.

L'Opinion de Tinette : 3,5/5
Encore une fois j'ai dû prendre mon temps avant de faire cette critique puisque j'ai eu du mal à me décider sur ce film.
Il nous montre une belle histoire d'amour (et d'amitiés) comme on les aime en évitant le côté niais des comédies romantiques habituelles. C'est selon moi un excellent "feel good movie" malgré son sujet pas toujours léger. Les deux personnages principaux font rire par leurs décalages constants. Mais pas seulement... sans être tire-larme, on voit leurs souffrances. Et c'est là que réside toute la magie de ce film : faire rire avec le malheur. Ils sont vulnérables et on les adore pour ça. Mais à aucun moment les personnages ne nous font pitié. On comprend les maladies, on les aime parce qu'elle font partie d'eux, mais ne les rendent pas pathétiques.
Au niveau du casting c'est un sans faute : Cooper et Lawrence sont parfaits et s'écartent un peu de leurs images habituelles. L'alchimie entre les deux comédiens est bonne (alors que Bradley Cooper a été engagé deux semaines avant le tournage, tout avait prévu pour que Mark Whalberg tourne le film). De Niro se promène comme à son habitude alors que Tucker explose dans son second rôle hilarant.
J'ai malgré tout senti quelques longueurs pendant le film. L'histoire principale et leur relation met trop de temps à s'installer selon moi.
Une très belle histoire, un beau film, de beaux personnages... Un bon Feel Good Movie. A voir !! 

Le point de vue de Pépite : 4/5
Happiness Therapy (Silver Lining Playbooks) est une comédie romantique réussie notamment grâce à ses personnages, attachants et drôles.
La comédie romantique est typiquement le genre cinématographique qui voit passer un très grand nombre de navets. Ceux-ci jouent à outrance sur les codes de ce genre, devenus clichés, et font vivre des histoires d'amour niaises à des stars sexy et "bankable". Happiness Therapy n'est pas de ces films. David O'Russel, qui avait réalisé le récent Fighter, livre un film touchant, drôle et humain.
Contrairement à certains films du genre, les ficelles ne sont pas grossières : les "pseudo-étapes obligatoires" du genre sont globalement conservées, mais elles ne sont pas flagrantes. Le film possède sa propre vie, indépendamment de ces étapes, et le spectateur n'est jamais choqué par tel ou tel rebondissement. Ce qui ne veut pas dire qu'il n'est pas surpris, agréablement surpris.
Si l'histoire paraît si humaine, c'est grâce à ses personnages qui sont très attachants ainsi qu'aux comédiens qui les interprètent. Oui Bradley Cooper et Jennifer Lawrence sont des stars (plus que) montantes ces dernières années, mais ils ne sont pas ici pour parader mais pour vraiment incarner avec talent deux personnages "à côté de la plaque", en reconstruction et toujours un peu dérangés. L'honnêteté maladive de Pat (Cooper) est source d'humour et les réparties de Tiffany (Lawrence) permettent d'entrer dans des dialogues dynamiques et très drôles.
Hormis le personnage de la soeur de Tiffany, qui joue surtout le rôle très structurel "d'entremetteuse", toute la galerie des personnages mis en image par O'Russel ont leur importance et leur dose d'humour. Du psy d'origine indienne à l'ami rencontré à l'hôpital (le génial Chris Tucker, qui réussit son "come back" au cinéma avec un personnage décalé, touchant et drôle) en passant la famille de Pat, tout aussi "dérangée". Robert De Niro incarne avec beaucoup d'humour un père bookmaker asservi par sa son addiction aux jeux, ses TOCs et ses superstitions.
L'histoire est touchante, les nombreuses scènes de comédies très bien écrites (les dialogues sont savoureux) et ça va crescendo.
Happiness Therapy n'est pas nommé aux Oscars pour rien, c'est une petite pépite de comédie romantique, drôle et attachante, que je vous recommande.

La note de Juani : 3,5/5

mardi 29 janvier 2013

LINCOLN

2h29 - Sortie le 30 janvier 2013

Un film de Steven Spielberg avec Daniel Day-Lewis, Sally Field, Tommy Lee Jones et John Hawkes
Les derniers mois tumultueux du mandat du 16e Président des États-Unis. Dans une nation déchirée par la guerre civile et secouée par le vent du changement, Abraham Lincoln met tout en œuvre pour résoudre le conflit, unifier le pays et abolir l'esclavage. Cet homme doté d'une détermination et d'un courage moral exceptionnels va devoir faire des choix qui bouleverseront le destin des générations à venir.

La Moyenne des Ours : 2,1/5

Le Mot du Comte : 1/5
À l'instar du piteux "Cheval de Guerre", "Lincoln" est un film fade, sans fond ni point de vue, plombé par un classicisme étouffant et un scénario de bureaucrate qui n'a rien à montrer ni à dire, malgré le fait qu'il soit très bavard.
Ici, tout sent la poussière, la naphtaline et les vieilles planches (on peut même voir la poussière voler à l'écran). C'est lent (2h29!), c'est poussif, c'est artificiel. La musique de John Williams (mille fois entendue) tente de sauver les meubles en construisant une émotion, mais ne vous y trompez pas, ce biopic d'Abraham Lincoln en dégage autant que sa page Wikipédia. Spielberg semble paralysé par la figure historique qu'il filme. Trop respectueux, il n'ose rien et momifie Daniel Day-Lewis qui, même si sa composition est louable, ressemble a une statue qui ne connaît aucune évolution (et oui, la mort n'est pas une évolution). Son Lincoln (et c'est vite insupportable) parle sans cesse par analogies et en citant la Bible ou d'autres (prêtez attentions aux guillemets dans les sous-titres). Sally Field, qui joue sa femme, est tout bonnement insupportable. Le reste du casting est un melting-pot des acteurs américains du moment, qui viennent plus faire coucou qu'incarner un personnage essentiel. Livre d'images pour enfants.
L'ordre des scènes (beaucoup n'apportent d'ailleurs rien à la mince intrigue) est complètement interchangeable. Spielberg échoue à créer du suspense sur les coulisses du vote du 13ème Amendement, qui abolit l'esclavage. Didactisme pour imbéciles. Impuissant, il ne fait qu'enfoncer des portes ouvertes, cédant facilement à la caricature (les vilains confédérés esclavagistes pas beaux contre le parfait président). "Lincoln" nous apprend que ce fameux décret est le fruit de compromis et de débats. Super, nous voilà refaits pour 2013. Qu'est-ce qu'on s'ennuie...
On se demande d'où proviennent les 12 nominations du film aux Oscars, une politesse peut-être? Spielberg, comme il le faisait déjà pour "Cheval de Guerre", se rêve en John Ford, sans égaler ni sa subtilité, ni sa puissance, qu'il déployait merveilleusement bien dans le film "Vers sa destinée", sur les premiers pas en politique d'un certain... Abraham Lincoln.

L'Avis de Tinette : 1,5/5
J'ai trouvé ce film "tellement Américain"... tellement prévisible. Quand on connaît la fin d'une histoire - parce qu'on a un minimum de culture générale -, l'objectif serait de rendre le scénario intéressant pour qu'on reste passionné. Spielberg a selon moi lamentablement échoué ici. 
On s'ennuie du début à la fin... ça ne fait que "blablater" sur pourquoi il faut changer la loi sur l'esclavagisme. Le film est  uniquement basé sur ce moment de la carrière de Lincoln et sans être une pro de l'Histoire Américaine je pense qu'il y avait quand même d'autres choses à raconter en 2h30... Ou alors il fallait le raconter différemment ! Là pour résumer : on voit des bureaucrates, des diplomates et politiciens en tout genre discuter pendant tout le film de leurs avis sur la guerre et sur l'amendement que veux faire passer le Président. J'ai trouvé ça hypocrite de la part du réalisateur de raconter cet épisode de l'Histoire sans jamais ne montrer de batailles, ni montrer d'autre classe sociale que celle proche du Président.
Au niveau des "personnages" (oui oui les guillemets sont nécessaires ici), ils passent tous sans qu'on puisse les apprécier ou les considérer comme crédibles. La seule qui impose un peu par sa présence est sa femme... Personnage le plus insupportable qu'il soit. 
Lincoln est un film bien plat qui ne vaut pas le coup d’être enduré. La photo dans l'ensemble est jolie (même si l'éclairage sur Tommy Lee Jones reste encore un mystère pour moi) et la musique de Williams sauve un peu le lot, mais ce film n'est pas seulement cliché dans ses répliques ou dans sa peur d'exploiter le réel... Non, même ses plans sont clichés. On veut montrer une scène émouvante ? Hop jolie musique et un plan large sur le Président applaudi. On veut montrer à quel point Lincoln était aimé ? Hop plan de dos du Président qui s’éloigne couplé de plans sur le visage ému d'un de ses serviteurs émus, émerveillés... 
Spielberg aurait-il perdu de son talent... Maintenant il fait juste partie de ces réalisateurs incapables de montrer la moindre conviction dans leurs films. Et c'est dommage car le sujet de son film en avait lui, de la conviction.

Le point de vue de Pépite : 3/5
Lincoln est un biopic intéressant bien qu'un peu pompeux.
Les toutes premières minutes sont parfaitement ridicules, nous avons en effet le droit à une présentation à coup de cartons et de photographies mettant le film dans le contexte de la guerre de Sécession : les élèves américains auront enfin un DVD pédagogique de qualité à regarder, mais au cinéma c'est plutôt vain, merci quand même.
Passées ces premières minutes pédagogiques inutiles, Lincoln se révèle intéressant mais reste étrange au niveau de sa construction. Un grand nombre de scènes semblent en effet inutiles, anecdotiques : on n'apprend rien de nouveau, il n'y a pas d'enjeu dramatique particulier... Peut-être est-ce pour enfoncer le clou de la caractérisation des personnages, notamment de Lincoln, mais celle-ci s'est achevée assez tôt et ces scènes n'apportent alors plus que de l'ennui et de la confusion.
Le personnage de Lincoln est assez proche d'une figure contemporaine courante : un homme "mystérieux" parlant par à-côtés, métaphores et paraboles, s'éloignant de ses préoccupations pour mieux atteindre une révélation ou une "épiphanie" (épiphanies assez peu explicite dans Lincoln et donc plutôt anecdotiques pour le spectateur) : je pense notamment à Hugh Laurie incarnant Dr. House. Mais ici Lincoln ne parle - presque - jamais directement et toujours par à-côtés, ce qui finit par étouffer les dialogues et provoquer une bonne dose d'ennui. L'une des seules fois où Lincoln parle avec honnêteté, lorsqu'il explique avec des détails légaux certaines déclarations qu'il a faites et qui aux yeux de la loi ne sont pas complètement légales justement, on commence à vraiment comprendre le personnage et l'émotion elle aussi se déclenche doucement.
Au niveau de l'incarnation des personnages, à part Sally Field qui incarne la femme de Lincoln et qui est insupportable, la distribution est assez réussie. Daniel Day-Lewis est bluffant (il EST Lincoln) et Tommy Lee Jones plutôt touchant lorsque le scénario lui en laisse la possibilité. L'équipe des "corrupteurs" des députés enfin constitue une source d'humour plus que bienvenue dans cette fresque historique parfois un peu pompeuse, mais bien mise en scène et mise en lumière (à part quelques halos ici et là, la photographie fait honneur au travail immense au niveau des décors et des costumes).
Enfin, tout est long et lent dans Lincoln et on est donc assez souvent ennuyés, oubliant presque d'où pourrait venir l'émotion quand enfin arrive le dénouement et le vote du 13ème amendement, scène plutôt belle où l'on découvre enfin le paiement d'un certain nombre d'enjeux du film. Celui-ci aurait d'ailleurs pu s'achever ici mais Spielberg a décidé de continuer jusqu'à la "fin" d'Abraham Lincoln, qui peut sembler un peu vaine.
Le Lincoln de Spielberg est beaucoup moins fun que la version de Timur Bekmambetov dans laquelle le président chassait des vampires (avis ici), il reste néanmoins un film plutôt intéressant.

La note de Juani : 3/5

lundi 28 janvier 2013

BLANCANIEVES

1h44 - Sortie le 23 Janvier

Un film de Pablo Berger avec Macarena García, Maribel Verdú, Daniel Gimenez-Cacho et Ángela Molina
Sud de l’Espagne, dans les années 20. Carmen est une belle jeune fille dont l’enfance a été hantée par une belle-mère acariâtre. Fuyant un passé dont elle n’a plus mémoire, Carmen va faire une rencontre insolite : une troupe ambulante de nains toreros qui va l’adopter et lui donner le surnom de "Blancanieves". C’est le début d’une aventure qui va conduire Carmen vers elle-même, vers son passé, et surtout vers un destin à nul autre semblable…

La Moyenne des Ours : 3,8/5

Le mot du Comte : 4/5
Un film muet, espagnol et en noir et blanc. Ce n'est pas très alléchant, et pourtant le résultat est plus que convaincant!
"Blancanieves" est un film somptueux et éclatant. Contemporain également, car il ne se contente pas d'imiter le cinéma muet. On décèle, à travers les mouvements de caméra portée et les angles de vue de Pablo Berger, une étonnante modernité, pour cette réadaptation du fameux conte des frères Grimm (et non de Disney) dans l'Espagne des années 20. La musique, magnifique mélange de chants folkloriques et de lyrisme digne de la grande époque d'Hollywood, sert étonnamment bien la narration. Le spectateur est happé, hypnotisé par cette fable qu'on connaît pourtant tous. Les acteurs sont tous très bon et très attachants (mention spéciale pour le père de Blancanieves, torero paralysé, et son infâme femme). Parmi les nains, il y en a un travesti, et ça c'est funky.
Qui plus est, il n'y a pas beaucoup de cartons, la force des images suffit à nous transporter pleinement. Berger a parfaitement conservé la force de la fable qu'il a filmé. Splendide.

Le point de vue de Pépite : 3,5/5
Blancanieves est, tel que je l'ai entendu en fin de séance, un "bon muet". On retrouve en effet tous les codes du film muet, ce qui finalement peut désarçonner au départ. En effet, contrairement au récent The Artist de Michel Hazanavicius qui se voulait un hommage ludique au genre, le film de Pablo Berger quant à lui s'inscrit directement dans le genre en question.
Le jeu se veut ici un peu exagéré, les cartons parfois superflus... Sans être le meilleur du cinéma muet, il y a tout de même dans Blancanieves de nombreuses qualités de mise en scène et de photographie notamment. Sans dialogues, l'image se fait sur-signifiante et Berger gère avec soin et subtilité un jeu de symboles, renvois et références réussi et pertinent.
Le charme de Macarena "Blancanieves" García et de Maribel "La Marâtre" Verdú mais également le charisme du père Daniel Gimenez-Cacho ou même l'humour des nains toreros ajoutent beaucoup de plaisir au visionnage de cette adaptation originale.
Sans compter sur la musique, inspirée, qui contribue énormément à la qualité du film et à l'image de "spectacle de danse" qu'il donne de la tauromachie. Plutôt qu'une tradition meurtrière la tauromachie est en effet montrée comme une danse exigeant de la rigueur, notamment grâce aux séances d'entraînement de Blancanieves-jeune avec son père.
Une jolie surprise, malgré le format toujours difficile à appréhender de but en blanc, Noir&Blanc, muet et en 4/3.

ZERO DARK THIRTY

2h29 - Sortie le 23 janvier 2013

Un film de Kathryn Bigelow avec Jessica Chastain, Jason Clarke & Kyle Chandler
Le récit de la traque d'Oussama Ben Laden par une unité des forces spéciales américaines...

La Moyenne des Ours : 3,3/5

Le point de vue de Pépite : 3.5/5
Zero Dark Thirty est un film de qualité qui parvient à nous parler de la traque de Ben Laden, sans vraiment en parler et en passant par un grand nombre d'évènements marquants entre 2001 et 2011 vus du côté "caché", celui de la CIA.
Un des points positifs est qu'il ne constitue en rien une "Mythologie d'Al Qaida" et un "Manuel des actions illicites de la CIA" aux éditions "Pour les Nuls". On aurait pu craindre en effet que le spectateur soit trop pris par la main, en réalisant par exemple une introduction en forme de résumé (voir par exemple le début du Argo de Ben Affleck dans lequel on a le droit à un "résumé" un peu simpliste de l'histoire de l'Iran). Le prix à payer est une première partie un peu longue et confuse dans laquelle on confond les cibles, les diminutifs, les objectifs, etc. UBL = Ussama Ben Laden. 30 diminutifs plus loin, on n'est plus si sûrs.
L'alternance entre discussions stratégiques, séances de tortures (avec l'excellent acteur australien Jason Clarke ou le surprenant acteur français Reda Kateb en prisonnier torturé) et attentats a selon moi pour effet d'assez bien situer chaque étape dans la traque de Ben Laden. Le retrouver n'était pas la priorité, on comprend que l'idée même de le capturer était illusoire pour bien des pontes de la CIA. Mais les attentats, les informations glanées en torture, et les discussions "de bureau" ont constitué les pièces d'un puzzle que le personnage de Jessica Chastain parvient à assembler. Celle-ci est excellente et réussit à nous faire suivre l'évolution de son personnage avec force et limpidité.
Elle n'est pas le seul élément du casting à saluer. Bigelow apporte un soin particulier à un grand nombre de personnages secondaires, voir notamment le casting. Après Jason Clarke (Trust, Killing Fields...), on retrouve Mark Strong, Kyle Chandler, l'australien Joel Edgerton, Chris Pratt, le vénézuélien Edgar Ramirez ou même James Gandolfini ! Et ils apportent tous beaucoup de leur talent dans Zero Dark Thirty.
La mise en scène est très immersive et ludique, d'où un côté documentaire mais également jeu vidéo de certaines séquences. Malgré quelques longueurs, Zero Dark Thiry est un film réussi et intéressant.

Le Mot du Comte : 3/5
"Zero Dark Thirty" est un film qu'il est possible de scinder en deux parties : l'enquête et la traque.
La partie qui compose l'enquête de la CIA pour trouver Ben Laden est d'un ennui total. Mues par le souci du détail et de la véracité, les 50 premières minutes du film sont des scènes où des gens parlent dans des bureaux. Les noms et diminutifs sont nombreux et on finit par se perdre. Confusions.
Les scènes qui viennent rompre cette monotonie sont des scènes de tortures (en soi pas très intéressantes) et des scènes d'attentats, très didactiques (des titres précisent le lieu et la date des attentats en début de scène, ce qui a pour effet de complètement désamorcer le suspense - qu'arrive-t'il à un bus londonien en juillet 2005?). Ces scènes interviennent ici et là, sans vraiment donner forme. Oui, on sait tous comment le film finit, et on sait tous ce qu'il s'est passé de 2001 à 2011.
La seconde partie du film est la longue séquence de l'assaut contre la forteresse de Ben Laden. Paradoxalement cette fois, le suspense est bien entretenu et le plaisir est total (le ballet des hélicoptères au dessus des montagnes vaut le coup). Bigelow ne cède à aucune forme de spectaculaire et utilise beaucoup la suggestion (le visage de Ben Laden est à peine aperçu et sa mort intervient en un quart de seconde). L'angle de vue choisi fait parfois penser à celui d'un jeu vidéo (à la première personne). La moitié des plans sont filmés avec l'effet infrarouge des visières des marines. L'aspiration documentaire de Bigelow se fait ici bien sentir.
La mise en scène du film répond d'ailleurs à cette ambition documentaire. Le découpage est éclaté, les axes nombreux et la caméra constamment portée (un peu comme dans le "Polisse" de Maïwenn). Heureusement que le montage fluide offre une vraie unité.
La musique d'Alexandre Desplat s'entend malheureusement très peu sur 2h30 de film (seul les thèmes entendus au début de l'assaut, qui oscillent entre "Call of Duty" et "Harry Potter" sont audibles, c'est dommage).
"Zero Dark Thirty", film bicéphale, offre au spectateur autant de puissance qu'il lui inflige d'ennui. Dommage qu'il faille passer par cette pénible première partie pour apprécier le spectacle final.

samedi 26 janvier 2013

LE DERNIER REMPART

1h47 - Sortie le 23 Janvier 2013

Un film de Kim Jee-woon avec Arnold Schwarzenegger, Forest Whitaker, Johnny Knoxville et Eduardo Noriega
Ray Owens a quitté son poste à la brigade des stup' de Los Angeles et est désormais le shérif de la paisible ville de Sommerton Junction, près de la frontière mexicaine. Mais sa tranquillité vole en éclats lorsque Gabriel Cortez, le baron de la drogue le plus recherché du monde, réussit une évasion spectaculaire d’un convoi du FBI. Avec l’aide d’une bande de truands et de mercenaires dirigés par le glacial Burrell, Cortez s’enfuit vers la frontière à 400 km/h dans une Corvette ZR1 spéciale… Il doit passer par Sommerton Junction, la ville de Ray Owens où celui-ci finit par rallier son équipe et par prendre l’affaire en main. Ils constituent le dernier rempart.

La moyenne des Ours : 2,8/5

Le point de vue de Pépite : 3/5
Le Dernier Rempart est un film d'action pêchu et stylé.
Le scénario est plutôt bien construit, notamment lorsqu'il s'agit de montrer les différents ruses de la bande de Gabriel Cortez, qui fait usage de toutes les cartes qu'il a dans ses mains, et elles sont souvent plutôt étonnantes. Les différents coïncidences qui rythment le scénario sont assez subtiles pour ne pas gêner (notamment un match qui éloigne la très grande partie des habitants de la petite ville de Sommerton Junction au moment de l'intrigue) et les interventions musclées qui ponctuent sauvagement le scénario sont bienvenues. C'est d'ailleurs dans ces scènes d'actions, dans ces "gun fight" musclés que l'on reconnaît le talent et l'humour de Kim Jee-woon, réalisateur de l'excellent et jouissif Le Bon, la Brute et le Cinglé. Ces scènes sont plutôt ingénieuses et jouent sur une série de références et de clins d'oeil ludiques très intéressants.
Enfin, les comédiens... Ceux-ci ne sont ni mauvais, ni vraiment bons. Il y a quelque chose qui cloche et on sent que ça vient du rapport entre les personnages et l'histoire. Sans vraiment réussir à comprendre quoi, il y a quelque chose qui sonne faux, et ce n'est pas forcément l'accent de Schwarzy.

La note du Comte : 2,5/5
"Le Dernier Rempart" est un film amusant, mais qui n'a pas grand chose à offrir. Caricatures, manichéisme et simplisme sont au menu de ce film de vigilante sensé marquer le retour à l'écran de l'ancien gouverneur Schwarzenegger, qui rassurez-vous, joue toujours aussi mal.
Les fans de grosses cylindrées et de gunfight grossier (on est bien loin des stylisations tarantiniennes) pourront apprécier le film en excusant les grosses ficelles du scénario et sa faiblesse. Le casting réunit des acteurs talentueux (Forest Whitaker, Peter Stormare) mais qui se contentent de jouer des partitions milles fois vues (le flic consciencieux, le bandit sans foi ni loi ni nuance). Il est intéressant de remarquer que Jee-woon crée ici une Amérique idéale, rêvée, modèle du melting-pot parfait.
Dommage que "Le Dernier Rempart" soit si prévisible et que contrairement à ses paysages, il n'aie que si peu de reliefs.

vendredi 25 janvier 2013

HITCHCOCK

1h38 - Sortie le 6 Février 2013


Un film de Sacha Gervasi avec Anthony Hopkins, Helen Mirren, Scarlett Johansson, Jessica Biel et Danny Huston
Alfred Hitchcock, réalisateur reconnu et admiré, surnommé « le maître du suspense », est arrivé au sommet de sa carrière. A la recherche d’un nouveau projet risqué et différent, il s’intéresse à l’histoire d’un tueur en série. Mais tous, producteurs, censure, amis, tentent de le décourager. Habituée aux obsessions de son mari et à son goût immodéré pour les actrices blondes, Alma, sa fidèle collaboratrice et épouse, accepte de le soutenir au risque de tout perdre. Ensemble, ils mettent tout en œuvre pour achever le film le plus célèbre et le plus controversé du réalisateur : PSYCHOSE.

La Moyenne des Ours : 4,4/5

Le Mot du Comte : 4/5
"Hitchcock" est un film ludique, amusant et savoureux. Un des aspects du film est son côté didactique, car le film nous plonge au coeur de la création d'un des plus grands film du cinéma (et nous donne du coup envie de le revoir). "Hitchcock" nous mets également face à la réalité de l'Âge d'Or d'Hollywood, ses studios, ses censeurs, ses compromis. Ce côté historique a de quoi exciter (et satisfaire) tout cinéphile qui se respecte.
Si Sacha Gervasi n'a pas la puissance ni la subtilité du maître qu'il filme, il livre un biopic honnête, doté de beaucoup d'humour (référencé et référentiel) et d'amour, tout en dévoilant les angoisses quotidiennes du réalisateur anglais. Le film reste, dans sa forme, classique (mais très agréable à regarder), certains partis pris de mise en scène valent cependant le détour -introduction et conclusion à la "Hitchcock présente", ou encore les rapports imaginaire entre Hitch et Ed Gain (ne loupez pas le plan final et son clin d'oeil -pas très subtil certes, mais amusant), et hissent le film vers autre chose que le biopic fade (on se souvient du regrettable "La Dame de Fer").
Anthony Hopkins est parfois dans le surjeu (sûrement handicapé par les kilos de latex qu'il a sur le visage -on peut presque entendre des morceaux tomber dans sa bouche) mais livre un Hitchcock très attachant. Helen Mirren, chaleureuse, est beaucoup plus subtile dans son rôle de femme-muse-éminence grise sur le fil du rasoir. Qui plus est, il y a une vraie richesse dans les seconds rôles (on regrette que James d'Arcy -Anthony Perkins, n'apparaisse pas plus à l'écran). Gervasi réussit quelque chose de rare, à savoir nous faire croire que nous connaissons depuis toujours les personnes qu'il filme, tant elles nous sont familières et attachantes.
Si le film est donc dans son ensemble réussi, deux séquences sont particulièrement fabuleuses : le montage de "Psychose" ainsi que sa première projection publique. En somme, du plaisir. Beaucoup de plaisir.

Le point de vue de Pépite : 4,5/5
Hitchcock est un excellent film qui traite avec intelligence le mythe Hitchcockien sans lourdeur ni once de plagiat.
Sacha Gervasi, réalisateur du documentaire sur le groupe de Métal "Anvil !", réalise ici son premier long métrage de fiction avec succès. Contrairement à ce que le titre indique, Hitchcock n'est pas un simple biopic sur la vie et l'oeuvre du réalisateur Alfred Hitchcock. Le scénario prend en effet le parti de ne suivre que les évènements qui entourent la création du film le plus célèbre du réalisateur, Psychose. De sa recherche d'un projet hors du commun - qui le sortira de son état de léthargie depuis le succès de La Mort aux Trousses et la réalisation de films pour la télévision -, aux premières projections de Psychose, le film de Sacha Gervasi réussit à nous intéresser de près à la relation qui lie Hitchcock et sa femme - et principale collaboratrice -  Alma Reville. Ce couple principal est campé par deux gigantesques comédiens - Anthony Hopkins (complètement transformé pour l'occasion, il EST Alfred Hitchcock) et Helen Mirren (superbe) - qui sont la grande force du film. Grâce à leur jeu, on est tour à tour amusé (le régime qu'impose Alma à Hitch engrange un certain nombre de superbes scènes de comédies) et ému (notamment lorsque derrière le masque de Hitch-grand réalisateur on aperçoit Alfred-l'homme). Le reste du casting est très bon également, petite mention spéciale à James d'Arcy ultra-crédible dans le rôle d'Anthony Perkins.
Pour les cinéphiles, quelque soit leur niveau de connaissance des films de Hitchcock, le film de Gervasi est une vraie pépite de réflexion et de références. Du jeu avec la censure pour faire accepter la scène de la douche, à la composition musicale et le refus original de Hitch à mettre de la musique sur cette fameuse scène, etc., l'univers de Hitchcock est présent dans l'histoire, dans la mise en scène, même jusque dans la musique (composée par Danny Elfman, celui-là même qui avait ré-orchestré la bande originale de Bernard Hermann, pour le remake de Psychose par Gus Van Sant en 1998). Même les discussions complètement fictionnelles (et parfois assez effrayantes) entre Hitch et le tueur en série américain qui a inspiré l'histoire de Psychose, Ed Gein le "Boucher de Plainfield", sont une sorte d'hommage déguisé au maître du suspense qui réalisait ici l'un des seuls films de son oeuvre que l'on peut classer dans la catégorie "Film d'Horreur".
Jusque dans l'ultime clin d'oeil du film sur le prochain projet du réalisateur mythique, Hitchcock réalise presque un sans-faute. Sacha Gervasi met en scène une histoire privée, inscrite dans l'Histoire du Cinéma, sans jamais plagier ou empiéter sur le terrain de Hitchcock, mais toujours en y faisant référence, avec élégance et subtilité.

La note de Tinette : 4,5/5
La note de Juani : 4,5/5

MAX

1h23 - Sortie le 23 janvier 2013

Un film de Stéphanie Murat avec Mathilde Seigner et Joeystarr
Max a 6 ans. Elle vit avec son père Toni, un petit voyou au grand cœur. Pour Noël, Max décide de lui offrir Rose, une fille de joie rencontrée dans la rue et qu’elle a prise en affection. Malgré la situation compliquée, Toni va avoir du mal à refuser le « cadeau » de sa fille et devoir cohabiter avec Rose.

La Moyenne des Ours : 1/5

Le Mot du Comte : 1/5
Par où commencer? "Max" se résume ainsi : une grossière accumulation de scènes pour la plupart inutiles chapeautées par un sujet glauquissime (une fillette ramène une prostituée pour qu'elle s'occupe de son papa... Il y a quelque chose qui cloche). Le scénario, très faible, et qui s'évapore dès le premier quart d'heure, souffre d'un manque latent d'écriture. Les situations sont creuses, pauvres, les éventuelles blagues sont tuées dans l'oeuf et évacuées (le montage poussif y est aussi pour quelque chose). Résultat: on s'emmerde ferme.
Niveau casting, Mathilde Seigner tient là son rôle le plus glauque et le plus hors-de-propos (une "dame qui s'occupe des bonshommes", de neige?). En face, Joeystarr a toujours autant de mal à parler (quand il hurle, on ne comprend plus rien). Marielle, dont le personnage n'est qu'une ombre, un prétexte, vient cachetonner dans le rôle d'un papi gatouille qui ne sert à rien, si ce n'est à sortir des phrases toutes faites telles que "j'en connais un os du jambon de la vie". C'est très gênant de le voir s'agiter ainsi pour rien (surtout quand il se met à chanter). Testud et Berléant viennent également cachetonner... pour rien.
Quant à la gamine qui joue Max, elle est tout bonnement insupportable. Ses lignes sont d'une niaiserie primaire qu'un gosse de 6 ans ne sortirait pas : "ma maman elle est morte au ciel". Hallucinant.
Sous couvert du conte, "Max" installe un univers assez louche, entre le traditionalisme primaire et l'utopie crétine ; la banlieue ici dépeinte n'existe nulle part et joue sur une esthétique de la pauvreté assez suspecte (il n'y a qu'à voir l'intérieur de la maison de Joeystarr pour s'en rendre compte). Les décors sont relativement surfaits, on se croirait dans un monde de Playmobil où les bâtiments sont grossièrement habillés (celui des caisses d'invalidité porte un immense écriteau sur lequel est écrit... Caisse de pensions d'invalidité, subtil).
Quid de la scène ou Marielle revend des poulets à des enfants de cités en les prenant pour des cons, que veut-on dire ici? On saisit mal le positionnement du film. Bien trop grossier et glauque pour les enfants (il y a quand même une scène où la gamine regarde les seins nus de Seigner, gros plan à la clé) et bien trop simpliste pour les adultes. 
Entre ses grosses ficelles, son humour beauf, ses dialogues plats et sa tendresse artificielle (car grossièrement fabriquée), "Max" ressemble a un téléfilm primaire (Ardisson produit le film, hasard?) ou l'on fait des travellings sur de la musique triste pour nous faire croire que les personnages vivent des conflits intérieurs. La musique, qui surligne tout et nous dit quand il faut rire ou pleurer, ressemble a une compil' de chansons de Noël. Le comble de la gêne est atteint lors de la scène où le quatuor danse, déguisé en sioux.
Par contre, un soin particulier est apporté à l'image du film. Plusieurs tableaux valent vraiment le détour. Dommage que tant de talent ne soit pas mis au service d'un meilleur film.

La note de Pépite : 1/5
L'histoire de Max est pauvre et sans saveurs.
Encore une preuve que l'idée est rarement dépassée dernièrement dans un grand nombre de films français. A partir de cette idée, des personnages-pantins sont dirigés à la baguette par des scénaristes trop conscients d'une pseudo "construction idéale" d'un scénario, qui forcent les évènements et rebondissements pour se plier à des étapes narratives vaines. Au milieu de ça la distribution ne sait plus quoi faire, elle n'est pas "nulle-nulle" mais elle n'est pas très intéressante non plus (la petite fille est plutôt insupportable, la faute à des dialogues en langage enfantin traffiqué par les scénaristes adultes, et Marielle est assez souvent en sur-jeu, seul électron libre dans une histoire fade)...
C'est d'autant plus dommage que la photographie est extrêmement soignée dans ce film, notamment pour les scènes en intérieur ou ayant lieu la nuit. De véritables artisans du cinéma se sont livrés à une prouesse : rendre belles des images qui ne s'appuient sur aucun fond. Ces plans sont beaux, mais malheureusement, la forme n'est pas suffisante et ne suffit pas à nous intéresser à Max, qu'on vous conseillera donc plutôt d'éviter.

jeudi 24 janvier 2013

TOO MUCH LOVE WILL KILL YOU

1h47 - 23 Janvier 2013

Un "film" de Christophe Karabache avec Marina Kitaeva, Christophe Karabache et Joelle Hélary
Interdit aux moins de 16 ans.
Marina, une jeune femme russe fuit sa vie monotone parisienne et débarque à Beyrouth, ville plongée dans le chaos et la violence, pour travailler comme danseuse dans un cabaret. Elle croise le chemin de plusieurs personnes marginales qui l’entraînent dans une dérive sans fin…

Le point de vue de Pépite : 0/5
Je ne souhaitais tout d'abord pas écrire de critique sur ce "film" parce que casser un film indépendant qui sera vu par une poignée de spectateurs n'a pas de sens. Et puis finalement, le simple fait que le "réalisateur" (gros guillemets seront de rigueur tout au long de ce billet) puisse imposer ce genre de vidéo à une séance payante publique me met hors de moi. Ceci sera donc plutôt un coup de gueule, pour la défense des vrais films indépendants qui vont pâtir de ce délire vidéo inutile.
Donoma de Djinn Carrenard ou Rengaine de Rachid Djaïdani (avis ici) palliaient aux manques techniques par un surplus d'énergie rendu possible par des comédiens talentueux au fort potentiel et une envie irrépressible de cinéma de la part des réalisateurs. Ces deux films, que l'on peut qualifier sans hésiter d'indépendants, ont une âme. A l'opposé il y a l'insupportable vidéo de Christophe Karabache, sans vie et mauvaise au possible. Plutôt que d'énumérer les défauts, il faut faire un constat simple : il n'a aucune qualité. Karabache a filmé des comédiens sans buts, sans histoire et sans texte dans des décors rendus laids (alors que pleins de potentiels : décors chaotiques d'un pays en guerre, le Liban) par une "mise-en-scène" lente et sale. Oui sale, mais du moins c'est cohérent car tout est sale dans Too Much Love Will Kill You, de l'image au son (nota bene : l'étape du mixage n'est pas optionnelle et vide de sens...) en passant par le découpage et le montage (ignobles)... Même les sous-titres piquent les yeux (et pas seulement parce qu'ils sous-titrent des âneries)...
"Interdit au moins de 16 ans" : au moins nos jeunes sont protégés. Quand à vous, qui êtes majeurs, ne vous dérangez pas. Karabache s'est amusé à filmer des scènes absurdes qui amuseront (peut-être) ses copains, à coup de nudité et de violence gratuites (décryptez l'affiche du "film" : oui, c'est bien une femme qui utilise un crâne d'animal mort comme godemiché... quelques autres images ont cette élégance)...
1h47 de souffrance, que je n'ai pas réussi à éviter une fois le film entamé, j'étais coincé entre les membres de l'équipe du film... Merci à Christophe Karabache d'avoir ruiné ma soirée.

mercredi 23 janvier 2013

MARIAGE À MENDOZA

1h34 - Sortie le 23 janvier 2013

Un film de Édouard Deluc avec Nicolas Duvauchelle et Philippe Rebbot
Deux frères débarquent en Argentine pour aller célébrer le mariage de leur cousin, à Mendoza, dans l’ouest du pays. La grande aventure, la vraie, voilà longtemps qu’ils en rêvaient… Mais à l’arrivée à Buenos-Aires, Antoine ne va pas bien du tout, comme un type que sa femme vient de plaquer. Marcus est sûr qu'aller au mariage du cousin remettra son petit frère d'aplomb. Sur la route du mariage, au gré d'étapes de plus en plus mouvementées, les deux frères se retrouvent. A un détail près : quand Antoine se requinque, c'est Marcus qui trinque.

La Moyenne des Ours : 3,3/5

Le Mot du Comte : 2,5/5
"Mariage à Mendoza" est un premier film plein de fraîcheur et qui dégage une vraie bonne humeur. Cette bonne humeur tient en grande partie grâce au jeu de saltimbanque de Philippe Rebbot, qui possède une véritable grammaire comique (il faut le voir déambuler en peignoir, armé de sa brosse à dent, pour s'en rendre compte).
La musique est également très réussie et participe grandement à l'instauration de cette ambiance joviale.
En revanche, si le scénario suit une trame linéaire et qu'il remplit toutes les étapes narratives nécessaires au road-trip (aventures nocturnes hasardeuses, tensions entre les deux frères), on ressens comme une vacuité, autant dans l'évolution des personnages que dans leur utilité (le réceptionniste argentin est une source de comique, mais son rôle est anecdotique). Le film se repose parfois trop sur le "poétique" et la force des sublimes paysages argentins. C'est également dommage que le scénario soit plombé dans sa dernière demie-heure par une gravité sortie un peu de nulle part (la gravité de la maladie de Rebbot et les mensonges cachés entre les deux frères). Autre regret, la performance de Nicolas Duvauchelle, qui, film après film, rejoue encore et toujours la même partition (son personnage est presque le même que celui de "Comme des Frères", un autre road-trip sorti il y a quelques mois).
Au final, même si on s'ennuie un peu, "Mariage à Mendoza" reste honorable et sincère.

La note de Pépite : 3/5
Mariage à Mendoza est un road trip joyeux et simple, qui nous fait voyager en Argentine en compagnie de personnages français et argentins atypiques et intéressants.
Le personnage incarné par Philippe Rebbot notamment est très particulier mais au final attachant. Il possède un vrai potentiel comique que Deluc exploite à merveille et régulièrement tout au long du film. A ses côtés, Nicolas Duvauchelle, décomplexé et drôle, s'inscrit parfaitement dans l'univers doux-amer du réalisateur. Il incarne néanmoins l'éternel rôle du "clown triste" en face de Rebbot, comme il l'incarnait dans le récent Comme des frères
En face d'eux, les deux argentins Gustavo Kamenetzky et Paloma Contreras apportent une touche latine bienvenue et rafraîchissante : humour (potache, et décalé) & charme (sauvage et incontrôlable).
Ces quatre joyeux larrons évoluent dans une histoire sympathique aux retournements de situations plutôt subtiles et non forcés : ça fait du bien ! La musique enfin est une vraie source de sens et de plaisir, avec Herman Dune aux commandes ce n'est pas étonnant !
Mariage à Mendoza n'est pas le chef d'oeuvre de la rentrée 2013 mais constitue néanmoins un film français agréable, sympathique et rafraîchissant  qui a le bon goût de s'expatrier en Argentine, loin de la famine qualitative récente du cinéma français.

La note de Juani : 4/5
La note de Tinette : 3,5/5

mardi 22 janvier 2013

PAUVRE RICHARD

1h30 - Sortie le 16 Janvier 2013

Un film de Malik Chibane avec Frédéric Diefenthal et Yacine Belhousse
Richard et Omar, deux amis de toujours, habitent un quartier de banlieue où ils vivent de la vente de boissons chaudes sur le marché. Tout le monde se connaît ici. Entre voisins, on n’hésite pas à se rendre service, à se faire crédit, formant ainsi une charmante communauté. Tout le quartier est bouleversé lorsqu’Omar devient l’unique gagnant de l'EuroGagnant. Ce dernier prend peur et opte pour l’anonymat. Les habitants du quartier peinent à se tenir tranquilles, la suspicion et la paranoïa les gagnent. Alors qu’Omar dissimule sa nouvelle fortune, les habitants vont commencer à soupçonner Richard d’être le grand vainqueur. 

Le point de vue de Pépite : 0,5/5
J'adore les films qui portent dès leurs titres un ou plusieurs mots qui serviront à leurs critiques. Après Mauvaise fille, qui était selon les mots du Comte "un mauvais film" (critique ici), Pauvre Richard est un film "pauvre".
Le pitch de départ a tout de savoureux : dans un quartier populaire où tout le monde se connaît et où tout le monde galère financièrement, un jeune gagne à "l'eurogagnant" 124 millions d'euros, soit assez d'argent pour sortir tout son quartier de la galère, ou assez de quoi devenir fou...
Mais encore une fois, Pauvre Richard souffre du même "mal chronique" dont souffre le cinéma français selon les mots d'Eric Neuhoff (Voir article ici) : les bonnes idées ne sont pas développées. En effet, on assiste pendant 1h30 à l'agitation absurde de pantins qui n'ont pas d'objectifs, à part "gagner des sous". Et encore, ce n'est pas clair.
Frédéric Diefenthal et Yacine Belhousse (ainsi que Jackie Berroyer) sont pleins de bonne volonté mais ils partent avec un handicap : leurs personnages sont mal écrits et leurs réactions sont donc toujours anecdotiques et pauvres.
La construction en J-5 ; J-4, etc. ; J+1 n'est que poudre aux yeux et simple semblant de "construction". Les scénettes exagératrices s'enchaînent, surenchérissant des idées niaises et simplettes.
Encore une fois, c'est dommage.

RUE MANDAR

1h35 - Sortie le 23 janvier 2013

Un film de Idit Cebula avec Richard Berry, Emmanuelle Devos, Sandrine Kiberlain, etc.
À l'occasion de funérailles rocambolesques, Charles, Rosemonde et Emma, frère et sœurs, se retrouvent ! Rencontres électriques pour cette fratrie qui ne sait comment se dire son affection et son amour réciproque.

La Moyenne des Ours : 2/5

Le Mot du Comte : 1,5/5
Voici un film plutôt sympathique et qui part d'une bonne intention autobiographique. Idit Cebula rends hommage, avec "Rue Mandar", à ses parents, et à tout les parents du monde. Hélas, cette bonne volonté ne suffit pas.
Entourée d'acteurs efficaces, mais qui tournent un peu en rond, "Rue Mandar" enchaîne les scénettes et les situations anecdotiques, faute de vrai scénario et de véritable dramaturgie (le pitch cache-misère fait écho à la pauvreté du scénario). Certaines de ses scénèttes peuvent être drôles et réussies, mais l'ensemble est un flan qui tombe à plat. Le film est un portrait de trois frères et soeurs qui affrontent le décès de leur mère. Et devinez quoi? Ils réagissent tous différemment. Sauf qu'hormis la réaction de Richard Berry (un peu lourde en symboles psychanalitiques d'ailleurs), celles de Kiberlain et Devos sont à peines effleurées. 
Contrairement à son intention, "Rue Mandar" offre tellement peu qu'on se demande: à quoi bon? Le film s'enferme dans les private joke sur la judéité (on est bien loin de l'autodérision de Woody Allen) et tombe dans l'inconsistance. Même le titre est bien peu inspiré. Le spectateur reste à l'écart et ne fais que passer, faute d'émotions et d'implication dans le destin des personnages.

La note de Pépite : 2,5/5
Rue Mandar est une fresque humaine amusante mais un peu déstructurée.
La fratrie est intéressante, la famille dont il est question est un peu folle, et certaines scènes sont si absurdes qu'elles sont vraiment savoureuses. Mais ce qui est dommage, c'est que ces scènes ne soient qu'enchaînées, sans liant plus fort que le dispositif de départ. On ne sait donc jamais où on en est ni où en sont les personnages (hormis peut-être le personnage de Richard Berry, intéressant et amusant, qui a le droit à l'évolution la plus soignée, ou visible), et donc souvent pointe, hélas, l'ennui.
Idit Cebula rend hommage à sa famille et ses parents d'une façon parfois amusante, et parfois plutôt anecdotique. On reste un peu sur sa faim, le film aurait peut-être gagné à s'intéresser au parcours personnel d'un seul personnage en lien avec les autres.

LA PARADE

1h55 - Sortie le 16 Janvier 2012

Un film de Srdjan Dragojevic avec Nikola Kojo, Milos Samolov, Hristina Popovic et Goran Jevtic
En voulant sauver son pitbull chéri et contenter sa fiancée capricieuse, Lemon, parrain des gangsters de Belgrade, se voit obligé d’assurer la sécurité de la première GayPride de Serbie. Pour l’aider dans cette mission impossible, il part à la recherche d’anciens mercenaires. Serbes, musulmans, bosniaques, albanais du Kosovo et combattants croates se retrouvent aux côtés des militants homosexuels. Comment cet équipage hétéroclite qui n’aurait jamais dû se rencontrer va-t-il arriver à transcender les frontières et leurs différences ?

La Moyenne des Ours : 3,3/5

La pensée de Juani : 3,5/5
Malheureusement ce film est triste, j'ai pris une grosse claque dans les dernières minutes parce que malgré le sujet abordé, ce film est d'une extrême "légèreté". C'est un compliment parce que c'est ce qui empêche La Parade de tomber dans le pathos, et de rendre un énième film duquel on dit "c'est un beau film, mais je me suis ennuyée à mourir; et il est vrai que la situation là-bas n'est pas évidente". C'est, je trouve, la marque d'un film à haute prétention, faussement intelligent ou "arty" (utilisez le vocabulaire qui vous enchante). Enfin voilà, il est difficile de dire ce qu'est La Parade alors que vous fait un topo sur ce qu'il n'est pas : pompeux, ennuyeux, ni amer... Bref je peux quand même résumer rapidement en 3 mots : c'est un film drôle, pédagogique et intelligent, qui malheureusement ne restera pas longtemps à l'affiche (il est dans peu de salles malgré sa sortie la semaine dernière) et passera à côté du public, c'est dommage.. Mais prouvez-moi que j'ai tort!

Le point de vue de Pépite : 3,5/5
La Parade est un film intelligent et drôle, qui mêle parfaitement des thèmes apparemment très différents pour dépeindre une facette négative de la société serbe, d'abord, mais plus globalement de toutes les sociétés.
La Parade est une très agréable surprise. L'histoire basée (en partie) à Belgrade est d'abord plutôt désarçonnante et relativement "clichée" : on retrouve un gay très "gay" organisateur de mariage très engagé dans l'organisation de la Pride ; son copain vétérinaire timide et réservé, un ancien soldat serbe maintenant à la retraite mais toujours pas très net et extrêmement bourru ; sa femme esthéticienne hystérique ; un commissaire apparemment corrompu,  de jeunes skinhead un peu néo-nazis sur les bords, etc. Les premiers moments de comédie sont réussis mais jouent beaucoup sur et à partir de ces clichés.
C'est finalement lorsque le pacte entre Ludmilo - le gentil vétérinaire gay - et l'ancien soldat-guerrier Lemon est établi (Lemon va protéger la GayPride et en échange le copain de Ludmilo organisera le mariage du siècle pour Lemon et sa femme) que tout ce qu'il y a de savoureux dans La Parade apparaît.
Les confrontations entre plusieurs homosexuels engagés (un "vieux" gay, une lesbienne et l'organisateur de mariage) et l'entourage de Lemon sont très amusantes. Et lorsque ce dernier part à la recherche d'anciens mercenaires rencontrés à la guerre avec Ludmilo, on assiste à encore plus de scènes tordantes.
La force du dernier film de Srdjan Dragojevic est de parler de la situation de son pays, de l'homophobie, des actes de guerre, de la tolérance, etc., sur le ton de l'humour sans perdre de vue le sujet de sociologie qu'il traite.
La fin est plutôt triste, mais c'est en même temps cohérent, sa jolie et amusante fable étant basée sur une situation bien réelle et pas toujours très amusante...

dimanche 20 janvier 2013

L'IVRESSE DE L'ARGENT

1h54 - Sortie le 23 janvier 2013

Un film de Im Sang-Soo avec Kim Kang-woo, Yun-shik Baek et Yoon Yeo-jeong
Youngjak est le secrétaire de Madame Baek, dirigeante d’un puissant empire industriel coréen. Il est chargé de s’occuper des affaires privées de cette famille à la morale douteuse. Pris dans une spirale de domination et de secrets, perdu entre ses principes et la possibilité de gravir rapidement les échelons vers une vie plus confortable, Youngjak devra choisir son camp, afin de survivre dans cet univers où argent, sexe et pouvoir sont rois…

La Moyenne des Ours : 3,8/5

Le Mot du Comte : 3,5/5
Tout comme "The Housemaid", "L'Ivresse de l'argent" possède une ambiance froide et métallique, témoin de la maniaquerie de Sang-Soo, qui livre un film très réussi tant au niveau visuel qu'à celui du scénario, qui tend cependant à être un peu poussif dans sa dernière demi-heure.
Sang-Soo plonge son spectateur dans le cynisme et les mensonges de l'aristocratie coréenne, ne manquant pas de porter un regard cruel sur ses personnages (comme il le faisait déjà dans son précédent film) et leur milieu. Yun Yeo-Jung, qui interprète la manipulatrice Madame Beak, est époustouflante. Elle compose un personnage à la cruauté et au machiavélisme édifiants.
Cependant, on peut reprocher au film son côté trop sage, peut être trop scolaire. Le scénario se déroule parfaitement devant nos yeux, peut-être un peu trop. Aucun accroc, aucune fausse note ne viennent perturber ce déroulé froid. Ces petits défauts n'entament heureusement pas trop sa puissance, qui fait de "L'Ivresse de l'argent" un film envoûtant et implacable.

Le point de vue de Pépite : 4/5
L'ivresse de l'argent est encore une fois une claque cinématographique venue de Corée du Sud; d'où nous arrivent décidément de très bons films.
Ce film en particulier traite avec précision les méfaits de l'argent sur un microcosme apparemment (ultra) aisé mais qui en bien des points est gangrené par ce même argent et par le pouvoir qui en découle. Les comédiens sont tous très bons (Kim Kang-woo, Yun-shik Baek et Yoon Yeo-jeong notamment !) et la mise en scène (un peu froide mais rigoureuse) de Im Sang-Soo surprend par sa précision. Le réalisateur agit comme ses personnages en parfait calculateur, nous servant un thriller politique efficace et, en bien des points, beau. Belle surprise.

PAS TRÈS NORMALES ACTIVITÉS

1h24 - Sortie le 30 janvier 2013

Un film de Maurice Barthélémy avec Norman Thavaud, Stefi Celma et Rufus
Une maison isolée, un jeune couple, un vidéaste pervers, un muet. Le tout donnant lieu à des activités normales... mais pas très !

La Moyenne des Ours : 2,75/5

La pensée de Juani : 2,5/5
J'ai passé une très bonne soirée (nous étions à l'avant-première à Bercy), mais le film en lui même n'a rien d'extraordinaire. Le délire avec les "cochons fantômes" comme Maurice Barthélémy aime l'évoquer, est original, et pas évident à défendre et il s'en sort pas trop mal (il existe une certaine "cohérence" dans le scénario malgré l'assemblage de références, parodies et délires illustrés), mais je ne dois pas être "dans le délire". C'est le genre de projet on il est bon de participer, on sent la bonne ambiance, mais pour les "outsider" c'est moins drôle...Selon moi, le film cible essentiellement les ados (ou grand enfants comme mes collègues Ours) qui sont fans de Norman, Jérôme, Cyprien et compagnie... Donc c'est parfois amusant, mais je ne conseillerai personne d'acheter un ticket pour ce film (sauf aux fans).

Le point de vue de Pépite : 3/5
Commençant comme une énième parodie du film d'horreur à succès Paranomal Activity de Oren Peli, Pas très normales activités s'en détache finalement assez vite pour devenir une comédie loufoque et absurde assez sympathique.
Finalement, le film qui semblait une simple opération de communication simple et efficace (prendre le podcaster français le plus célèbre de Youtube, Norman "fait des vidéos" Thavaud et le balancer à l'écran tel quel), est plus élaboré que ça ! C'est la réunion de deux univers : l'humour absurde (et très anglais !) de Maurice Barthélémy (un des "cerveaux" de la très créative troupe des Robins des Bois) et l'humour décalé et "jeun's" de Norman. Ces deux univers sont très proches et on comprend assez vite que les deux énergumènes se sont bien trouvés : sans être pliés non stop, on est tout de même en proie à de nombreuses crises de rire. Les dialogues de Barthélémy sonnent très bien dans la bouche de Norman (mais également dans celle de Stefi Celma, qui étonne dans ce registre !).
Alors oui, c'est bête, oui c'est simple, oui y'a de l'humour de "Parisien s'exilant à la campagne et qui a peur des péquenauds", mais ça fonctionne plutôt bien ! Le tout ne se prend pas au sérieux et c'est tant mieux : ici pas de prise de tête, on s'amuse avec Maurice Barthélémy, Norman Thavaud, Stefi Celma et Rufus (excellent second rôle, très atypique), et puis c'est tout. Fun, fun, fun.

Le Mot du Comte : 2,5/5
"Pas très normales activités" est un film absurde, parfois drôle, parfois moins, et qui ne se prend pas au sérieux. C'est sa principale qualité, mais aussi son principal défaut. On ne sait pas bien où l'on va et on finit par se dire : c'était fun, et c'est tout.
L'histoire (un peu maigre hélas, il y a plusieurs moments de creux) est complètement délirante et reprend les bases des films d'horreurs traditionnels : un couple dans une maison hostile est témoin de faits paranormaux. Certaines situations et gags sont réussies, jouant beaucoup sur l'asymétrie Paris/campagne profonde.
Le dispositif filmique reprend par conséquent celui de "Paranormal Activity" mais avec plus de souplesse et plus d'esthétisme (le niveau n'était, il faut dire, pas bien haut). Dans cette soupe de pixels assez ludique, Norman Thavaud reprend le personnage qu'il incarne dans ses podcasts et le transpose en milieu rural. Son vocable et sa gestuelle sont bien là, les fans ne seront pas déçus. Les autres, peut-être un peu plus. Sa performance n'est qu'une extension de ce qu'il a déjà fait sur YouTube, rien de bien nouveau. Malgré ce terrain connu, Thavaud ne manque pas de fraîcheur et le couple qu'il forme avec Stéfi Celma (qui s'en sort également bien) tient plutôt bien la route. 
Voici un film amusant, ludique, mais qui manque de fond (et peut-être, il faut le dire, de forme). Le spectateur aura bien compris que le but recherché n'était pas celui-là. Au final, "Pas très normales activités" se révèle être - qualité rare pour être soulignée, un film honnête.

L'Opinion de Tinette : 3/5
À en entendre parler j’avais peur… Du Barthélémy, avec Norman et une actrice totalement inconnue au bataillon... et puis finalement on passe quand même un bon moment. N’attendez pas une comédie extrêmement bien construite, mais mine de rien on rigole. L’ambiance est agréable, les personnages sont drôles malgré eux. Quelques répliques valent vraiment le coup… des petites choses à entendre quand plusieurs personnages parlent en même temps, ou en pleine scène "d’action", il y aura toujours une petite réplique qui vous fera au moins sourire. La lâcheté poussée de Blanc (le personnage principal masculin) est très drôle et amène toujours à des répliques drôles. Au contraire le personnage féminin essaye de prendre le dessus sur le couple, surtout quand le personnage de Barthelemy intervient.
Les acteurs sont crédibles dans l’ensemble (ce qui était loin d’être gagné !). Même dans certaines petites scènes d’émotion on les croit… Malheureusement il incarne le même personnage que celui de ses vidéos. On lui retrouve les même intonations de voix, les mêmes expressions, alors qu'il est peut être capable de plus ? Bizarrement j’ai eu plus de mal à adhérer au jeu de Stefi Celma que de celui de Norman.
On rigole mais ça ne suffit pas… Pour moi ça va trop "loin" dans la "connerie". Je veux bien que ce soit burlesque et un peu WTF, pas de soucis, mais là ça le devient au cours du film et je crois que c’est ça qui m’a dérangé. Si du début à la fin on se dit que le film ne tient pas debout, on l’accepte et le spectateur n’est pas déstabilisé... Tout d'un coup l’explication de ces effets pas très normaux débarquent comme ça au milieu du film, ce qui mène à des scènes complètement barrées qui du coup m’ont mise mal à l’aise. À voir si vous avez moins de trente ans et si vous êtes curieux...

mercredi 16 janvier 2013

SOMEBODY UP THERE LIKES ME

1h16 - Sortie le 23 Janvier 2013

Un film de Bob Byington avec Nick Offerman, Keith Poulson, Jess Weixler et Stephanie Hunt
Max ne prend pas une ride. Littéralement. Il glisse avec une égale nonchalance sur les vicissitudes de la vie, mariage, divorce, paternité, succès et banqueroutes. Sous l’œil perplexe de sa seconde femme Lyla et de son acolyte Sal, il trimballe à travers l’existence son éternelle jeunesse et une mystérieuse valise en plastique bleue.

Le point de vue de Pépite : 3/5
Bob Byington a créé avec Somebody up there likes me un monde à part : décalé, absurde et nihiliste. Le titre est d'ailleurs plutôt ironique, aucun des personnages n'ayant l'air porté vers une croyance quelconque envers un Dieu. C'est plutôt lié au côté "optimiste" du film, où les drames n'en ont jamais l'air. Tout est pris avec flegme et décalage. Notamment par le personnage principal, le "jeune éternel" Max (interprété avec brio par le musicien Keith Poulson, acteur non professionnel) qui vit décès, ruptures et échecs professionnels comme une tâche sur sa chemise toute neuve. Oh zut. Whatever.
Il y a un certain nombre de petites trouvailles savoureuses, typiques des films indépendants américains (je pense notamment à une scène où Max passe longuement ses mains sous un robinet "automatique" sans succès, qui fait écho pour moi à cette scène - coupée - du Garden State de Zach Braff où celui-ci passe devant une rangée de ces mêmes robinets automatiques, les activant tous en chaîne). Somebody up there likes me appartient à cette race de films décalés et déphasés, qui par leur côté absurde sont finalement beaucoup plus réalistes qu'un grand nombre de films. Une poésie particulière, nihiliste, se dégage de ce monde absurde, cynique et doux, dans lequel une valise contient de la lumière et permet de rester jeune éternellement... mais n'empêche pas la mort, qui n'est de toute façon pas un drame selon Bob Byington.

mardi 15 janvier 2013

ALCESTE À BICYCLETTE

1h44 - Sortie le 16 janvier 2013

Un film de Philippe Le Guay avec Fabrice Luchini, Lambert Wilson, etc.
Serge Tanneur, acteur au sommet, a quitté définitivement le monde du spectacle. La fatigue d’un métier où tout le monde trahit tout le monde. Désormais, il vit en ermite sur l’Île de Ré… Trois ans plus tard, Gauthier Valence, un acteur de télévision adulé des foules, débarque sur l’île. Il vient retrouver Serge pour lui proposer de jouer «Le Misanthrope» de Molière. Serge n’est-il pas devenu une pure incarnation du personnage d’Alceste ? Serge refuse tout net et confirme qu’il ne reviendra jamais sur scène. Pourtant, quelque chose en lui ne demande qu’à céder...

La Moyenne des Ours : 3,2/5

La pensée de Juani : 2,5/5
Ce film est une accumulation de petites scènes rigolotes et de moments lyriques (et oui, parce que du Molière énoncé par Luchini, c'est à la limite de la chanson). Il y a une grande contradiction entre ces types de séquences - et ce n’est pas grave - mais j'ai pas l'impression qu'il n'en découle grand chose... J’ai pas senti de cohésion dans ce film, la preuve, le montage un peu particulier (on trouve souvent que les fins de scènes sont parfois un tantinet trop longues, là c'est l'inverse), on a pas le temps de cerner l'essence d'une scène qu'elle est déjà découpée et loin derrière. Bref pas très emballée donc, malgré le fait que j'ai ris, surtout quand Philippe Le Guay place dans la bouche de Luchini des petites piques sur l'hypocrisie et l'égocentrisme des gens du milieu cinématographique.

Le point de vue de Pépite : 4/5
Alceste à bicyclette est un film français rafraichissant, d'où transparaît un plaisir du jeu et un plaisir du verbe avec un humour précis et intelligent dont les comédies françaises manquent souvent ces derniers temps.
Fabrice Luchini, qui a participé à l'idée originale, est excellent. Il cabotine, il gesticule, il exagère... il est tordant ! Lambert Wilson dans le rôle de l'acteur populaire est également très bon et tient tête avec humour à Luchini. Des séances de répétition transparaît une synergie incroyable : ils donnent vie au texte de Molière avec différents niveaux de lecture en rapport direct à l'histoire racontée mais également à la pratique du jeu. En effet, un grand nombre d'éléments caractéristiques du jeu, notamment du jeu théâtral classique, sont mis en scène : les allitérations, la manie de chercher une "background story" aux personnages, le lapsus, le trac et le trou de mémoire angoissant...
On pourrait regretter parfois que Philippe Le Guay semble se contenter de réaliser une captation de la performance du duo de comédiens, mais l'intelligence de l'écriture, le regard contemporain sur la pièce du Misanthrope ou même sur l'Île de Ré (décors et habitudes de l'île étant décortiqués avec humour) fait rapidement oublier ses quelques lourdeurs qui altèrent un peu le rythme.
Alceste à bicyclette gagne à être vu, et si vous êtes amateurs de films français, celui-ci en est un de qualité.

Le Mot du Comte : 3,5/5
"Alceste à Bicyclette" est un film très drôle. Ceux qui apprécient Fabrice Luchini seront ravis. Au top de sa forme, il livre ici la performance qu'on attend de lui, à travers un personnage reclus, bougon, désagréable, méchant mais parfois attachant. Le duo qu'il forme avec Lambert Wilson fonctionne très bien. Wilson, lui, surprend dans ce répertoire comique, et s'en sort très bien. Les décors et les costumes sont très bien travaillés et fonctionnent comme les extensions des personnages (la maison de Luchini et ses jolis murs decrepit, les costumes de Wilson).
En revanche, on peut reprocher au film son manque de souffle et son rythme, qui s'articule entre séquences de répétitions (de la pièce qu'ils préparent, Le Misanthrope) et scénèttes drôlatiques (balades à vélo, repas). Les séquences de répétitions sont parfois lourdes, de par leur côté "théâtre enregistré" (Le Guay pose sa caméra et se contente de filmer ses talentueux comédiens). 
L'assemblage ainsi obtenu est inégal, laissant parfois le spectateur sur le bord de la route, se demandant où il va. C'est dommage, car certains éléments narratifs sont bien préparés et bien orchestrés. Le Guay frôle de temps en temps le côté parisianiste et nombriliste (regard sur la province pas forcément flatteur, sauvé par le caractère empoté des deux parisiens immigrés) qu'on reproche tant à Pascal Bonitzer. La fin, amère et à contre-courant du reste du film, pourra en surprendre certains.
"Alceste à Bicyclette" est une comédie plaisante et franchement sympathique, mais qui souffre, hélas, d'un léger problème de structure.

dimanche 13 janvier 2013

UNE HISTOIRE D'AMOUR

1h20 - Sortie le 9 janvier 2013

Un film de Hélène Fillières avec Benoît Poelvoorde, Laetitia Casta, Richard Bohringer, etc.
Elle l’a rencontré un soir de printemps, elle est devenue sa maîtresse. Il lui a offert un revolver, elle une combinaison en latex. Imprudent, il lui a proposé un million de dollars. Insatiable, elle est venue lui rappeler ses promesses...

La Moyenne des Ours : 0,5/5

Le point de vue de Pépite : 0,5/5
On aura bien du mal à résumer de façon intéressante Une histoire d'amour, car celui-ci en effet ne raconte pas à proprement parler une histoire. Nous n'avons pas affaire à des personnages construits non plus, mais à des pantins peu caractérisés qui se débattent avec des phrases toutes faites concoctées par une scénariste égoïste dans ce faux-scénario. Égoïste oui, car si Hélène de Fillières (qui signe le scénario et la réalisation de cette adaptation hasardeuse) sait qui sont ses personnages, leur background, leurs désirs, etc., elle ne partage aucune information avec le commun des mortels qui essaie désespérément de devenir spectateur. Désespérément, c'est un peu faux, car on abandonne assez vite ces carcasses de personnages qu'on ne comprend pas et qu'on ne veut plus comprendre. Dommage, car on sent l'envie et le talent de Poelvoorde, mal servi par une histoire sans histoire, sans forme et sans relief. Les séances sadomaso des personnages ne sont alors même plus scandaleuses... Elles sont vides de sens.

Le Mot du Comte : 0,5/5
Que dire? Que dire si ce n'est qu'il n'y a ici aucun film. Aucun film, aucun personnage, aucune histoire. Anecdote. "Une histoire d'amour", titre mensonger (le pitch l'est aussi, méfiance!) puisqu'il n'y a absolument aucune trace d'amour dans ce film, s'approche, dans le meilleur des cas, du vidéoclip (nombreux sont les travellings sur la musique électro-jazzy d'Étienne Daho). La vacuité du scénario (un fait divers ne suffit parfois pas à faire un film) et des dialogues fait écho aux silences des acteurs, qui n'ont rien à se dire, et rien à faire. Le seul personnage véritable du film est un chat.
Filmé dans des décors froids et sans âme (un magazine de voiliers de luxe dégage plus de chaleur), le seul mérite de ce premier film est d'être plutôt joli : les amateurs de métal, de néons et de béton seront ravis. C'est bien triste. "Une histoire d'amour" ressemble a un accident, une excroissance vide du système de financement français et ne servira pas, hélas, en ces temps de remise en question par l'opinion, à le défendre.

THE MASTER

2h17 - Sortie le 9 janvier 2013

Un film de Paul Thomas Anderson avec Joaquin Phoenix, Philip Seymour Hoffman, Amy Adams, etc.
Freddie, un vétéran, revient en Californie après s’être battu dans le Pacifique. Alcoolique, il distille sa propre gnôle et contient difficilement la violence qu’il a en lui… Quand Freddie rencontre Lancaster Dodd – « le Maître », charismatique meneur d’un mouvement nommé la Cause, il tombe rapidement sous sa coupe...

La Moyenne des Ours : 3/5

Le point de vue de Pépite : 3,5/5
Paul Thomas Anderson est un grand réalisateur, Joaquin Phoenix et Philip Seymour Hoffman d'excellents comédiens, Jonny Greenwood un compositeur inspiré, Peter McNulty un très bon chef monteur et Mihai Malaimare Jr. un directeur de la photographie de talent, qui manie notamment le 70mm avec brio...
The Master a tout du chef d'oeuvre, et pourtant il n'accède pas à cet "état de grâce". Tout dans le film nous impressionne : de la mise en scène précise et virtuose de P.T. Anderson au jeu complètement fou de Phoenix (un grand malade !) en passant par l'ambiance qui résulte dans l'équilibre précis et délicat établi entre le montage, la photographie et la musique (atypique et parfaitement en phase avec le scénario et la mise en scène). Mais on en sort non complètement conquis. Quelque chose est resté bloqué en nous. La longueur du film tout d'abord, a pu entraîner de l'ennui. Il y a aussi le fait qu'on ne comprenne pas tout à fait les personnages qui nous sont donnés à voir. Et finalement, la fin reste un peu en travers de la gorge (à part deux répliques excellentes entrant en résonance avec le côté mystique du film). La forme aurait gagné à être un peu plus accompagnée d'émotion.

La pensée de Juani : 2/5
C'est sujet à débat mais je pense que ce film est pour les hommes. Plastiquement, il est très réussi : les surcadrages, les flous, la composition de l'image, les couleurs, c'est génial, on sent que tout est pensé - et croyez moi j'ai eu le temps de m’intéresser à tout ça, puisque j'étais à l'agonie : ce film est tellement lent. Heureusement j'ai été sauvée par un soucis technique, donc entracte ! - Bref, je dis "heureusement", oui, parce que tout ce que j'ai perçu du scénario c'est un alcoolique en manque de sexe qui s'acoquine à un prédicateur buté pour essayer de trouver ou retrouver un sens à sa vie.
Encore un film dont je sors en me disant que j'y ai rien ressenti. Ça a été pour moi un exercice d'analyse, ça n'a pas le moins du monde touché "ma corde sensible" pourtant je vous assure je ne suis pas sans-coeur, l'histoire d'un homme dévasté par son expérience de la guerre, devenu alcoolique... c'est potentiellement poignant !
Au final, j'y ai pris aucun plaisir mais mon "analyse" me permet de vous dire, à vous amateurs de P.T. Anderson, allez voir ce film, vous serez vernis : longs plans savamment arrangés, situations embarrassantes, personnages plus que "borderline", une bande son omniprésente et évidemment des histoires "de cul", composent The Master.

Le Mot du Comte : 3,5/5
La première chose qui frappe avec "The Master", c'est sa puissance formelle. Puissance des images et sécheresse de la mise en scène (très peu découpée, parfois réduite à de simples champs/contrechamps). Puissance du jeu de Philip Seymour Hoffman, totalement en opposition avec celui de Joaquin Phenix, qui frôle parfois la singerie.
Le face à face de ces deux personnages est passionnant. La plongée dans "La Cause", allégorie de l'église de Scientologie, attise vraiment la curiosité et certaines séquences (le plus souvent, leurs confrontations) sont très intenses. La scène du désert à moto est d'ailleurs très riche en symboles et, encore une fois, en puissance.
Hélas, on se demande parfois : a quoi bon? Pourquoi Anderson raconte-il cette histoire? Si "There will be blood" possédait un regard cruel et ironique sur son personnage (qui suivait d'ailleurs une trajectoire bien définie), il manque ici cruellement. La sécheresse de la mise en scène, au bout d'une heure et demie de film, la fait devenir rugueuse et certains la trouveront pompeuse. C'est dommage. Dommage également que "The Master" soit si long, faisant du dernier quart d'heure un moment pénible, écrasant et pas forcément utile au niveau de la narration. On ressort de "The Master" usé, avec l'impression (bonne ou mauvaise, cela dépendra) d'avoir été écrasé par une grosse botte de cuir. Mais dans quel but? On ne sait pas trop...

mardi 8 janvier 2013

DJANGO UNCHAINED

2h44 - Sortie le 16 janvier 2013

Un film de Quentin Tarantino avec Jamie Foxx, Christoph Waltz, Leonardo DiCaprio, etc.
Dans le sud des États-Unis, deux ans avant la guerre de Sécession, le Dr King Schultz, un chasseur de primes allemand, fait l’acquisition de Django, un esclave qui peut l’aider à traquer les frères Brittle, les meurtriers qu’il recherche. Schultz promet à Django de lui rendre sa liberté lorsqu’il aura capturé les Brittle – morts ou vifs. Alors que les deux hommes pistent les dangereux criminels, Django n’oublie pas que son seul but est de retrouver Broomhilda, sa femme, achetée par un infâme esclavagiste, Calvin Candie.

La Moyenne des Ours : 4,1/5

La pensée de Juani : 3,5/5
L'histoire est divertissante (on ne sent presque pas les 2h44 de film, malgré quelques scènes un peu longues), l'ambiance western est respectée et intéressante ; les décors, costumes et l'humour sont honorables (les musiques, l'ironie de certaines situation ou les répliques de certains personnages valent le déplacement) mais Django Unchained reste un Tarantino donc il est truffé de violence gratuite, de giclées de sang, de projections de corps qui n'ont rien de réaliste (c'est flagrant quand Lara-Lee se fait tirer dessus, la façon dont elle est propulsée en arrière n'a rien de naturel  c'est pas le bon angle,.. Enfin bref !). Ajouté à ça, une redondance du personnage de Christoph Waltz - excellent - mais qui, dans l'attitude, la prestance et l'intelligence me fait un peu trop penser au SS Hans Landa d'Inglorious Basterds. Et pour terminer, le comble du mauvais gout, la scène que Tarantino se réserve pour interpréter un plouc qui se fait exploser par Django (désolée pour le spoiler mais je devait le préciser parce que ce petit plaisir qu'il se fait - son "final" - j'appelle ça de l'arrogance puisqu'il s'expose, fait de son personnage le centre de l'attention - donc il devrait savoir qu'on l'attend au tournant, et sa prestation n’est même pas convaincante). C’est le genre de truc qui passe mal !

L'Opinion de Tinette : 3,5/5
J'ai mis du temps après avoir vu le film à lui attribuer une note et à écrire cette mini-critique parce que je pense que c'est le genre de film qu'il faut savoir "digérer". J'en suis sortie, encore une fois, énervée... Parce que je trouve qu'il y a bien trop de violence gratuite et qui selon moi n'apporte rien au film, parce qu'on ne m'enlèvera pas de l'idée qu'il y a une prétention constante dans les films de Tarantino et parce que celui ci frôle parfois la parodie de son propre cinéma. Je n'aime pas les univers qu'il crée et ses scénarios ne sont pas à mon gout.
Alors pourquoi une bonne note comme celle ci ? Parce que je reconnais que ce réalisateur a une maîtrise parfaite de son cinéma. Ses plans sont tous réglés parfaitement, ils apparaissent tous au moment voulu, en interpellant mais sans jamais déranger. Il met dans Django Unchained un humour qui a réussi a me faire rire (contrairement a celui instauré dans ses autres films). Et par dessus tout j'admire chez Tarantino sa qualité à associer des scènes avec des musiques qu'on aurait jamais imaginé ici (mention spéciale pour un Rap de 2Pac et James Brown). Bien sur son choix des acteurs est parfait, Jamie Foxx impressionne ici alors que Christopher Waltz et Leonardo DiCaprio nous ont déjà habitués à leurs bons jeux. J'ai beaucoup aimé l'interprétation que fait Samuel L Jackson de son personnage.
Je pense que ça ne sert à rien de tartiner des lignes et des lignes puisqu'on a déjà tout lu sur ce film.
Pour les fans de Tarantino, un vrai régal je suppose. Pour les autres comme moi... Un des seuls films que je trouve intéressant et qui nous embarque malgré tout dans une belle aventure.

Le point de vue de Pépite : 4,5/5
Django Unchained est une vraie pépite cinématographique et probablement l'un des meilleurs films de ce début d'année 2013 (qui décidément s'annonce des plus excitantes !).
Après l'excellent Inglorious Basterds, Quentin Tarantino réitère et nous sert un film jouissif ultra-référencé montrant encore une fois qu'il est un vrai cinéphile. Ces dernières années, le genre Western a surtout été traité de façon référencée, avec des jeux de second degré (comme le très bon Le Bon, la Brute et le Cinglé du coréen Kim Jee-woon). On aurait pu croire que cette époque était révolue après le Western plus classique des frères Coen, True Grit, mais non ! Quentin Tarantino récupère le flambeau, et brûle toutes les comparaisons. Il dynamite littéralement le genre et en fait le sien. Car Django Unchained ne peut pas être rattaché à un autre réalisateur que Tarantino, c'est son film, sans aucun doute possible !
Il met en place un scénario précis révélant un jeu de références ludique et intelligent, tant au niveau "histoire du cinéma" (références au genre, codes du Western, etc.) qu'au niveau interne. Chaque réplique peut renvoyer subtilement à une autre et il suffit d'être un minimum attentif pour s'extasier devant la précision de ces renvois systématiques.
Mais n'ayez crainte ! Ce n'est pas un simple film "d'étude". C'est aussi, et avant tout, un film joussif où on "s'éclate" ! On est suspendus aux lèvres de Tarantino et à celles de Christoph Waltz (qui frôle la perfection) et on ne s'ennuie guère : les quelques moments de creux étant témoins de notre impatience quant à la suite des évènements. On assiste d'ailleurs à une "double-fin" : Tarantino joue les prolongations, et on comprend pourquoi ! Il doit aller au bout des personnages (notamment Django, nouveau mythe westernien) et au bout de l'histoire, chaque personnage et chaque intrigue étant utilisée à fond et avec sens.
Excellent. Jouissif. L'éclate... Bref, ne manquez pas LE film de ce début d'année 2013 !

Le Mot du Comte : 5/5
Épique. Tout comme "Inglourious Basterds", "Django Unchained" est épique. Quentin Tarantino joue ici une fois de plus avec l'Histoire pour la faire sienne. Il signe ici un western ludique, jouissif et unique. Après avoir abordé l'Holocauste, Tarantino se plonge ici dans les pages sombres de l'Histoire américaine (surprenant jeu de miroir) et garde la même idée que celle de son précédent film : l'importation d'un élément étranger dans un univers qui n'est pas le sien. S'il s'agissait bien sûr des Basterds, il s'agit ici (et c'est la meilleure idée du film) du Dr King Schultz, européen éclairé plongé dans la sauvagerie esclavagiste.
Dès les premières séquences, Christoph Waltz explose (son jeu de la langue et son phrasé régalent nos oreilles fascinées). Le vrai personnage principal du film, c'est lui. Il en est la caution morale. Django (Foxx), s'il est en premier lieu un motif de l'histoire, grandit et devient une nouvelle icône, incarnant un  renouvellement profond du genre westernien : avez-vous déjà vu un cowboy noir ? La mythologie du Mal esclavagiste (incarnée par DiCaprio, Calvin Candie de Candyland, à qui ce rôle de roquet frustré sied plutôt bien) est tout bonnement incroyable. Mais il n'est qu'une partie d'un duo, miroir à celui que forment Waltz et Foxx. Car le vrai bad guy du film, et le plus condamnable (car le plus immoral), est l'éminence grise de Candie, Stephen (Samuel L. Jackson) dont les dernières minutes (tout bonnement cultes) reflètent sa complexité et son intelligence. La science du Méchant.
Tarantino pousse la caractérisation de ses personnages jusque dans la maniaquerie (les jeux de mots qui ornent les dialogues sont exquis) pour notre plus grand plaisir. Certaines séquences sont de véritables leçons d'écriture : quel rythme, quels dialogues !
Et si certaines de ces mêmes séquences donnent l'impression qu'elles sont étirées, on se rend vite compte que chaque réplique, chaque pause, a son importance. L'ultime scène entre Schultz et Candie, chargée de tension et de surprises, est l'introduction d'une séquence qui restera dans les annales et dont la violence (jouissive et coupable, car on attendait ce paiement depuis bien longtemps) explose littéralement aux yeux. L'introduction du film (le générique) peut laisser perplexe, mais cette perplexité s'efface en cinq minutes, dès la première apparition de Waltz, qui ouvre le film, comme dans "Inglourious Basterds".
"Django Unchained", film classe et stylé (et stylisé à fond, on connaît le bougre) offre de grands moments. Qu'est ce qu'on s'amuse, qu'est-ce qu'on prend son pied ! Tarantino n'oublie pas de régaler aussi bien le cinéphile que le néophyte, élevant ainsi sa filmographie encore plus haut et gagnant une profondeur insoupçonnée qui, à mon sens, manque à ses premiers films. Une fois de plus, il balaye les ombres du passé (que ce soit celles du Western, celles de l'esclavagisme ou son propre passé filmique) en les explosant littéralement. Fascinant. Incroyable. Mythique.