dimanche 31 mars 2013

EL PREMIO

1h38 - Sortie le 27 Mars 2013

Un film de Paula Markovitch avec Paula Galinelli Hertzog, Sharon Herrera et Laura Agorreca
Dans l’Argentine des années 70, Cecilia, petite fille de 7 ans, partage avec sa mère un lourd secret mais n’est pas encore en âge de le comprendre. Retranchée avec cette dernière dans une maison au bord de l’océan, la fillette se met inconsciemment en danger le jour où l’armée demande aux élèves de son école de rédiger une lettre à la gloire des militaires.

Le point de vue de Pépite : 2/5
El Premio, que j'ai découvert il y a presque deux ans au Festival Paris Cinéma en 2011, a le mérite de traiter un sujet très fort mais peine à le faire car à travers d'un point de vue plutôt limité...
En effet, le drame vécu par Cecilia et sa mère n'est traité que du point de vue de la petite Cecilia, 7 ans, fille plutôt "difficile". Elle crie, elle tape sur des objets, elle crie à nouveau sur sa mère... On sent le drame plus qu'on le comprend, ce qui serait remarquable et fort en émotion si la petite n'était pas aussi "insupportable". Elle est plutôt "criante" (c'est le cas de le dire) de vérité, mais l'intensité de son jeu empêche parfois de déceler toutes les nuances d'histoire et de jeu que Markovitch installe dans son film subtilement politique. Cette histoire dure et réaliste aurait gagné en simplicité et en poésie si le jeu de la petite Cecilia avait été lui aussi plus simple, plus doux, plus taiseux.
Mais la force est là, tapie dans un coin, dans le regard de la mère, des professeurs, des autres enfants et des militaires. Toute la force et aussi la folie de la situation, de la petite histoire s'inscrivant si bien dans la grande et injuste Histoire de l'Argentine militaire des années 70.

samedi 30 mars 2013

JACK LE CHASSEUR DE GÉANTS

1h50 - Sortie le 27 mars 2013

Un film de Bryan Singer avec Nicholas Hoult, Stanley Tucci, Ewan McGregor
Lorsqu’un jeune fermier ouvre par inadvertance la porte entre notre monde et celui d’une redoutable race de géants, il ne se doute pas qu’il a ranimé une guerre ancienne… Débarquant sur Terre pour la première fois depuis des siècles, les géants se battent pour reconquérir leur planète et le jeune homme, Jack, doit alors livrer le combat de sa vie pour les arrêter. 

La Moyenne des Ours : 1,5/5

Le point de vue de Pépite : 2/5
Jack le Chasseur de Géants est une coquille vide.
On a Bryan Singer à la réalisation, Nicolas Hoult, Ewan McGregor, Stanley Tucci et Eddie Marsan dans la distribution, après une ribambelle de contes adaptés avec plus ou moins de succès  (le dernier en date Hansel et Gretel - bien que magistralement raté - avait au moins le mérite d'essayer de moderniser le conte...) on retrouve Jack et le haricot magique... Ça aurait pu être alléchant, si le film n'avait finalement été passé à la moulinette sacrifiant caractérisation de personnages, de bons méchants, d'effrayants  et sanguinaires géants, humour moderne... Et oui, rien de tout ça dans le dernier film en 3D basé sur la recette américaine du scénario.
À la place on a des coquilles vides qui agissent tels des pantins sans but intelligent. Aucun personnage ne tire son épingle du jeu tant ils ne nous sont pas présentés. Ils vont et viennent et agissent sans que l'on comprenne pourquoi. Ce qui fait que même lorsqu'ils font des plaisanteries, celles-ci ne sont pas drôles, ce qui est dommage car elles 'avaient l'air' bien écrites...
Le film a également beaucoup de mal avec ses méchants. Le premier meurt avant le 3ème acte, et le second s'avère très décevant. Franchement, pourquoi lui avoir fichu une deuxième tête à ce méchant, et qui plus est une tête débile et grossière (l'humour américain du rot et du pet se retrouve également caractérisé ici... ça ferait trop "Vieille Europe" si on leur demandait gentiment de grandir un peu ?). De toute façon, même sans une deuxième tête débile, tous les géants sont moches. Mais en plus d'être moches, ce ne sont pas des géants, mais des ogres voire des trolls : dégueulasses (il faut voir tout de même un géant se curer le nez pour s'en alimenter entre deux reniflements et rots pour s'en convaincre...), sales, stupides...
Après, Jack Le Chasseur de Géants reste du divertissement et certaines idées 'd'entertainment' ne sont pas nulles et certaines scènes d'explosions, combats, poursuite, escalade du haricot ou explosion par l'intérieur d'un géant, etc., sont intéressantes.
Cela reste néanmoins un piètre divertissement. Nicolas Hoult ne pouvait pas s'en sortir avec deux bons films en moins d'un mois, jetez-vous donc plutôt sur Warm Bodies : Renaissance, bien plus intelligent et fun.

Le Mot du Comte : 0,5/5
Ainsi commence "Jack le Chasseur de Géants" : par une animation aux graphismes dignes d'une Dreamcast qui explique péniblement l'univers du film à venir, et dévoile donc, sûrement sans s'en rendre compte, les évènements qui se dérouleront devant nos yeux fatigués. Car voilà bien un film fatiguant, à commencer par la réalisation de Bryan Singer, grandiloquente et sans cohérence, où s'entremêlent plans aériens à gogo et effets spéciaux ultra-laids (même avec les lunettes 3D).
On se rend vite compte que la laideur prolifère dans tout le film, que ce soit au niveau des décors (pédant mélange de Moyen Âge et d'univers steampunk) que des costumes (les armures, en particulier celle du Roi ressemblent à celle des Chevalier du Zodiaque -ou de C-3PO, on hésite encore).
Les trois scénaristes ont ici pondu une histoire mille fois vue : une bonne princesse, fille d'un bon Roi, condamnée à s'unir avec le comploteur du Royaume, s'éprend d'un pauvre gueux et finit par l'épouser. Vous l'aurez compris, face à tant de déjà-vu et de manichéisme, on finit par s'ennuyer ferme. Car il n'y a absolument aucun personnage pour porter le film, uniquement des stéréotypes, des pantins qui agissent mécaniquement -surtout le héros. Qui plus est, les scénaristes se trouvent piégés par la physique élémentaire : comme rien ne peut arrêter les géants, ils sortent de leur sac, par une justification alambiquée, une couronne magique qui les contrôle. Et je ne parle même pas de l'épilogue dans le Londres actuel, preuve que les scénaristes se trouvent bien malins.
Revenons au héros donc, interprété par Nicholas Hoult en fermier hipster (les pulls à capuches existaient donc à cette époque) et dont la mèche (qui ne bouge jamais, merci Vivelle Dop) lui donne une inénarrable tête de con, manque cruellement de charisme. Il reste planté la comme un haricot, les bras ballants, agissant selon les conventions d'un scénario mécanique sorti du manuel de Robert McKee. Le titre nous dit qu'il est chasseur de géants, que nenni. Une question : quel est son objectif? Par quoi est-il motivé? L'amour? Laissez-nous rire...
Le reste du casting est aussi nul, même les acteurs confirmés, comme McGregor et Tucci (un des plus faibles antagonistes de l'histoire du cinéma) ne sauvent pas le film de l'ennui profond. Après, il y a les géants (en réalité des trolls, dont un ressemble étrangement à Fabrice Éboué), tous moches, crétins et qui feront sourire les enfants bêtes de moins de 3 ans (mention spéciale à la tête débile du Général géant). Car ce qui gêne aussi dans le film, c'est sa violence qu'il n'assume pas. On sent presque les mains des censeurs de la MPAA derrière le montage du film (un humain se prends une masse de géant, mais atterrit dans un arbre, d'autres sont dévorés, en arrière-plan et sans aucune goutte de sang, etc). De qui se moque-t-on ici ? 
"Jack le Chasseur de géants" est à l'image de son intrigue et de ses effets : artificiel et sans aucune originalité. Dispensable.

La note de Tinette : 2/5
La note de Juani : 1,5/5

mercredi 27 mars 2013

LES AMANTS PASSAGERS

1h30 - Sortie le 27 mars 2013

Un film de Pedro Almodovar avec Javier Camara, Carlos Aceres, Raùl Arévalo
Des personnages hauts en couleurs pensent vivre leurs dernières heures à bord d’un avion à destination de Mexico. Une panne technique (une sorte de négligence justifiée, même si cela semble contradictoire; mais, après tout, les actes humains le sont) met en danger la vie des personnes qui voyagent sur le vol 2549 de la compagnie Península. Les pilotes s'efforcent de trouver une solution avec le personnel de la tour de contrôle. Le chef de la cabine et les stewards sont des personnages atypiques et baroques, qui, face au danger, tentent d'oublier leur propre désarroi et se donnent corps et âme pour que le voyage soit le plus agréable possible aux passagers, en attendant que la solution au problème soit trouvée. 

La Moyenne des Ours : 2,9/5

Le point de vue de Pépite : 3,5/5
Les Amants Passagers est une charmante comédie piquante et irrésistible.
Almodovar a su créer un microcosme tendu où tous les maillons sont liés aux autres d'une manière artificielle mais très pertinente et réussie. Toutes les sous-intrigues (qui présentent à chaque fois leur dose d'humour noir, d'humour de type vaudeville et de farce) se répondent et au final toute la galerie de personnages se retrouve connectée alors qu'ils semblaient tous plutôt très différents et indépendants. Les trois stewart gays (irrésistiblement drôles) mènent une comédie en (presque) huis clos péchue, où toutes les fantaisies sont permises, ce qui est très rafraichissant. Cet humour noir décomplexé et farfelu donne aux Amants Passagers d'Almodovar l'allure d'un bonbon acidulé joliment emballé et très agréable au goût : on rit, on est choqués, on n'en croit pas nos yeux, et c'est tant mieux.

Le Mot du Comte : 3/5
Une franche sympathie se dégage des "Amants Passagers", un Almodovar considéré comme mineur, car plutôt léger et moins sombre que ces précédents opus (on y retrouve quand même quelques pointes d'ironie et de cruauté).
Le film se passe en grande partie dans la classe affaires d'un avion dont le décorum en carton semble tout droit sorti des années 80. À bord, une galerie de personnages plus loufoques les uns que les autres, bien aidés par des coupes de cheveux ahurissantes et des moustaches bien taillées. Les acteurs interprétant les trois stewards sont géniaux, chacun dans leur style. Ils déploient à eux trois des formes d'humour différentes (humour de comparaison, de geste, de verbe).
À leurs côtés, chaque personnage possède une fonction différente, ce qui amène "Les Amants Passagers" plus vers le théâtre de boulevard que vers une forme purement cinématographique.
La multiplicité des personnages fait que l'intrigue principale (l'avion tourne en rond -un peu comme le film d'ailleurs, au-dessus de l'Espagne) se divise en plusieurs sous-intrigues (les histoires de chaque personnage). Le liant entre ces petites histoires n'est pas assez évident pour unifier la narration à son maximum. C'est drôle, parfois génialement trash (l'épisode sperme par exemple), mais le film manque d'unité propre. C'en est presque décevant.
Quoiqu'il en soit, les dialogues et le rythme font qu'on ne s'ennuie pas. Un bon moment, mais sans plus.

La note de Tinette : 2,5/5
La note de Juani : 2,5/5

LA CHUTE DE LA MAISON BLANCHE

1h59 - Sortie le 20 mars 2013

Un film de Antoine Fuqua avec Gerard Butler, Aaron Eckhart, Morgan Freeman
Mike Banning, ancien garde du corps du président des États-Unis, s’occupe désormais des basses besognes des services secrets. Lorsqu’un commando nord-coréen lance une attaque sur la Maison Blanche, prenant en otage le président américain et son fils, il se retrouve seul à pouvoir leur venir en aide. Deux ans après avoir été tenu responsable de la mort accidentelle de la Première Dame, il va pouvoir faire preuve de sa loyauté et de sa bravoure.

La Moyenne des Ours : 1,8/5

Le point de vue de Pépite : 3/5
La Chute de la Maison Blanche est une bonne surprise dans le sens où l'on pouvait vraiment s'attendre au pire : le pitch, la caractérisation plutôt simpliste des personnages dans la bande annonce, etc. Et bien en fait ça va ! 
Ça va oui, parce que finalement le dernier film d'Antoine Fuqua est un film d'action d'assez bonne facture ; on ne s'ennuie pas, on retrouve les figures classiques du genre... C'est sûr, il y a un paquet d'actions plutôt invraisemblables (un avion rentre dans l'espace aérien américain et il n'est repéré qu'une fois survolant Washington D.C. ?... Mais oui !), des effets assez sales (les "visual effects" des armes d'assault et des hélicoptères), mais que diable ! On a un héros qui a des "cojones", des punch-line bien senties, des scènes de combat et d'assault plutôt jouissives. Il y a de la testostérone, de l'humour, de l'action, des bons comédiens... Plaisir coupable, mais plaisir quand même !

Le Mot du Comte : 3/5
"La Chute de la Maison Blanche" est un film d'action efficace, dont le premier mérite est de montrer des choses jamais vues au cinéma. Ici, il s'agit du siège de la Maison Blanche. Le cocktail explosif entre film d'action et enjeux géopolitiques ravira les fans du genre. La plongée dans ce monde fermé qu'est la Maison Blanche, quand bien même certains éléments en sont invraisemblables, est très intéressante.
Gerard Butler est plutôt à l'aise dans un rôle plus épais que d'habitude. Alors bien sûr, inutile ici de chercher la nuance : les gentils sont braves et les méchants le sont vraiment.
Une des force du film repose dans sa galerie de seconds rôles : Morgan Freeman en président par intérim, Melissa Leo en Ministre de la Défense, Angela Bassett en chef des RG, etc.
Si l'issue du film est (on s'en doute) connue d'avance, le scénario déploie plusieurs coups de théâtre qui permettent de maintenir le rythme et le suspense. On ne se demande pas si le Président sera sauvé, mais bien quand et comment. La structure du film emprunte beaucoup à celle de "Piège de Cristal", la dramaturgie en est quasi-identique, mais transposée à la Maison Blanche. Autre qualité du film, il n'est pas filmé avec les pieds, et c'est plutôt une bonne chose.
Par contre, on peut déplorer l'utilisation abusive des symboles américains (le drapeau en flamme qui tombe, et qu'on replace à la fin), c'est peu accessible pour des spectateurs européens qui n'ont pas l'obsession du drapeau.
"La Chute de la Maison Blanche" n'a pas la prétention d'être autre chose que ce qu'il est : un vrai film de divertissement.

La note de Juani : 0,5/5
La note de Tinette : 0,5/5

lundi 25 mars 2013

LES COQUILLETTES

1h15 - Sortie le 20 mars 2013

Un film de Sophie Letourneur avec Sophie Letourneur, Camille Genaud, Carole Le Page
Le cinéma, ce n'est pas toujours tapis rouge et petits fours. Parfois, c'est seulement "Coquillettes"! Trois "nouilles" en mal d'amour partent en virée dans un festival en Suisse : Sophie, midinette, est obsédée par le seul acteur connu du festival, Camille, romantique, rêve d'un histoire d'amour impossible et Carole, pragmatique, a juste "envie de baiser".

La Moyenne des Ours : 2/5

Le point de vue de Pépite : 3/5
Les Coquillettes est un petit film sympathique sans grand ambition mais qui pétille de vie.
Les mini-aventures rigolotes des trois festivalières - amourettes, soirées et dîners, aller-retours incessants, etc. - sont familières aux habitués de Festivals de Cinéma et constituent le matériau de base du scénario minimaliste de Letourneur. 
Ça papote, ça papillonne, ça théorise... C'est un peu fouillis  mais la courte durée (1h15) fait qu'on ne perd pas le fil et que l'énergie ne s'épuise pas. 
Le fait que tout soit post-synchronisé (tous les dialogues sont doublés puis re-mixés avec des sons d'ambiance et des musiques - musiques du plus bon goût) d'une manière pas toujours ultra-réaliste donne un petit côté "conte fauché" au film.
Les caméos qui forment l'essentiel de la distribution sont amusants et rajoutent au côté bricolage cinéphile de l'ouvrage.
Moins intéressant que La Vie au Ranch qui était une vraie proposition de cinéma, Les Coquillettes est néanmoins une vraie proposition de "cinéphile", la cinéphile qui aime parler de l'envers du décor des festivals, d'une façon décomplexée, simple et amusante.

Le Mot du Comte : 1/5
Ce qui est dommage avec "Les Coquillettes", c'est qu'il donne l'impression d'avoir été fait avec le minimum d'attention, qu'il est un objet bâclé et qui, au final, s'oublie aussitôt vu.
Si "La Vie au Ranch" possédait un vrai regard sur une jeunesse parisienne (on peut toujours débattre sur sa forme, mais le fond était là), "Les Coquillettes" ressemble plus a un film de vacances -avec la vacuité qui va avec. 
Alors voilà, l'on suit pendant 1h15 le périple de trois trentenaires au Festival de Locarno. Pour ceux qui sont déjà allés dans un festival de cinéma, pourquoi pas. Pour les autres, passez votre chemin. Car c'est bien le problème des "Coquillettes", son côté nombriliste, autocentré et faussement généraliste (il ne suffit pas de montrer des filles parler de caca pour signer un vrai film de filles), où l'on fait jouer les copains, les copines, et où l'on rit du petit milieu du Cinéma des Cinéastes. Preuve en est des apparitions des figures du cinéma ultra-auteuriste français : Louis Garrel (le temps d'un plan), Louis-Do de Lencquesaing, Jean-Marc Lalanne des Inrocks, Benoît Forgeard et même le propre producteur du film, Emmanuel Chaumet. Voilà, on se demande bien à quoi tout cela sert. Pas d'histoire ici, mais des anecdotes, qui se suivent les unes les autres. Un geste vain, sans plus de fond que sa forme, que certains trouveront très Godardienne (post synchro mal faite, images moches prises "sur le vif", etc). "Les Coquillettes" : une opportunité saisie, et rien d'autre. 

vendredi 22 mars 2013

THE PLACE BEYOND THE PINES

2h20 - Sortie le 20 mars 2013

Un film de Derek Cianfrance avec Ryan Gosling, Bradley Cooper, Eva Mendes
Cascadeur à moto, Luke est réputé pour son spectaculaire numéro du «globe de la mort». Quand son spectacle itinérant revient à Schenectady, dans l’État de New York, il découvre que Romina, avec qui il avait eu une aventure, vient de donner naissance à son fils… Pour subvenir aux besoins de ceux qui sont désormais sa famille, Luke quitte le spectacle et commet une série de braquages. Chaque fois, ses talents de pilote hors pair lui permettent de s’échapper. Mais Luke va bientôt croiser la route d’un policier ambitieux, Avery Cross, décidé à s’élever rapidement dans sa hiérarchie gangrenée par la corruption. Quinze ans plus tard, le fils de Luke et celui d’Avery se retrouvent face à face, hantés par un passé mystérieux dont ils sont loin de tout savoir…

La Moyenne des Ours: 2,4/5

La note de Pépite : 2/5
The Place Beyond The Pines est un film tricéphale fort et puissant localement, mais bancal dans sa globalité.
Si ce film est un peu ennuyeux c'est en grande partie à cause de la présence de trois histoires relativement distinctes. La première est une vraie réussite, guidée par la force de "l'underplaying" légendaire de Ryan Gosling. C'est bien filmé, la musique est excellente et il y a une vraie et efficace tension.
Le pivot entre la première et la deuxième histoire, celle où l'on retrouve Bradley Cooper, est puissant, et semble promettre une suite toute aussi trépidante et pertinente. Mais il n'en est rien, l'histoire n'étant alors plus la même du tout, et cette fois-ci la tension étant un peu absente. Les thèmes et préoccupations des personnages de Cooper et Gosling sont proches, mais les histoire auraient gagné à se répondre constamment, parallèlement. Au lieu de ça, Derek Cianfrance a décidé de les séparer. Le diptyque aurait pu être très intéressant s'il s'était arrêté là. Mais non, c'est un triptyque puisqu'il poursuit l'histoire 15 ans plus tard avec la progéniture des personnages précédemment rencontrés.
L'ouvrage a des qualités que l'on ne peut ignorer, mais la construction générale du récit alourdit le propos et étire le temps : on s'ennuie parfois ferme. Et c'est bien dommage, car après l'intéressant Blue Valentine, on était tout à fait disposés à se laisser impressionner par le prometteur Cianfrance.

Le Mot du Comte : 2/5
Il y a des films dont la structure éclatée distille l'ennui. Et il y en a, plus rares, comme "The Place Beyond The Pines" où la radicalité de la structure (il y a ici presque deux, trois films en un) a de quoi désarçonner... et ennuyer. Dans la première partie du film, l'on suit la chute inévitable de Luke (Ryan Gosling, dont l'accessoirisation permet aisément d'en deviner le background) vers le crime, et ses conséquences dramatiques.
Ce chemin vers la chute est narrativement très dense, Derek Cianfrance déploie un fascinant univers noir et une véritable galerie de "gueules" (Ben Mendelsohn est génial). En résumé, cette première partie amène le film vers le chef-d'oeuvre (et ce dès le début, avec ce fabuleux plan-séquence de foire).
Hélas, elle s'achève brutalement pour démarrer une nouvelle histoire, celle d'Avery Cross (Bradley Cooper) qui, même si elle est intéressante, n'arrive pas à la cheville de celle que l'on vient de voir. Le spectateur n'étant pas préparé a ce changement de cap brutal, l'attention se dilue et on s'ennuie ferme. Si cette seconde partie a quelques liens avec la première, ceux-ci sont bien trop faibles pour former un véritable ensemble. On retrouve dans le film le même usage des ellipses que dans "Blue Valentine", précédent film de Cianfrance, mais si ce dernier conservait une unité globale, "The Place Beyond the Pines" (le titre est un peu fumeux) est profondément handicapé. On ressent bien l'ambition de Cianfrance de signer une fresque (qui s'étale aussi sur plusieurs dizaines d'années) mais on peine à en discerner le pourquoi. La dernière partie du film nous fait suivre le destin des fils des deux protagonistes, et ceux-ci ne sont pas très intéressants (et le récit finit par sombrer dans les clichés, notamment à la toute fin).
"The Place Beyond The Pines" est un film qui flanche sur la durée, aussi bien au niveau de la densité de ce qu'il raconte, qu'au niveau de l'intérêt qu'on lui porte. C'est dommage.

La note de Tinette : 2/5
La note de Juani : 3,5/5

jeudi 21 mars 2013

WARM BODIES RENAISSANCE

1h37 - Sortie le 20 Mars 2013

Un film de Jonathan Levine avec Nicolas Hoult, Teresa Palmer, Rob Corddry et John Malkovich
Un virus a détruit toute civilisation. Les rescapés vivent dans des bunkers fortifiés, redoutant leurs anciens semblables devenus des monstres dévoreurs de chair. R, un mort-vivant romantique, sauve contre toute attente Julie et la protège de la voracité de ses compagnons. Au fil des jours, la jeune femme réveille chez lui des sentiments oubliés depuis longtemps… Elle-même découvre chez ce zombie différent autre chose qu’un regard vide et des gestes de momie… 

La Moyenne des Ours : 3,2/5

Le point de vue de Pépite : 3,5/5
Jonathan Levine, après nous avoir fait rire et pleurer sur un sujet de prime abord difficile sur 50/50, parvient à nouveau à nous surprendre. On pouvait jusqu'ici penser raisonnablement avoir tout vu autour des zombies au cinéma mais non, son Warm Bodies Renaissance est arrivé !
Dès l'ouverture, la voix off intelligente et décalée de Nicolas Hoult nous met dans le bain. Après les ouvrages du type "How to survive a zombie apocalypse" Levine nous met en scène un savoureux "How to be a Zombie and 'live' with it". Les "dialogues" de zombies, la description de leurs habitudes et de leur faim irrépressible, etc., tout est intelligemment pensé et rendu drôle dès l'écriture mais aussi grâce au montage, très efficace.
Niveau distribution, Hoult et Rob Corddry sont vraiment excellents et tordants, Teresa Palmer et John Malkovich apportent beaucoup au film également, comme la superbe Analeigh Tipton (découverte surtout grâce au récent Crazy, Stupid, Love).
La mise en scène n'est pas la plus innovante qui soit mais a le mérite de servir le propos du film avec efficacité ; la musique également sert le décalage du film (voir les usages hilarants de "Pretty Woman" ou de "Rock you like a hurricane", ou l'efficacité des morceaux de Bon Iver et M83).
Warm Bodies Renaissance est un divertissement fun, simple et intelligent, se servant efficacement des codes du film de zombie en les détournant, créant un décalage bienvenue qui désamorce tous les éventuels clichés inhérents aux genres du film : le film de zombie et la comédie romantique (mélange étonnamment savoureux).

La note de Tinette : 3/5
La note de Juani : 3/5

JAPPELOUP

2h10 - Sortie le 13 mars 2013

Un film de Christian Duguay avec Guillaume Canet, Marina Hands, Daniel Auteuil
Au début des années 80, abandonnant une carrière d’avocat prometteuse, Pierre Durand se consacre corps et âme à sa passion, le saut d’obstacle. Soutenu par son père, il mise tout sur un jeune cheval auquel personne ne croit vraiment : Jappeloup. Trop petit, trop caractériel, trop imprévisible, il a de nombreux défauts mais des aptitudes remarquables. De compétition en compétition, le duo progresse et s’impose dans le monde de l’équitation. Mais les JO de Los Angeles sont un terrible échec et Pierre prend alors conscience de ses faiblesses. Avec l’aide de Nadia, sa femme, et de Raphaëlle, la groom du cheval, Pierre va regagner la confiance de Jappeloup et construire une relation qui va les mener aux JO de Séoul en 1988.

Le Mot du Comte : 0,5/5
"Jappeloup", qui se veut la grande fresque de la vie d'un homme, est un film anesthésiant, fait pour faire ronfler ses spectateurs et à terme, ses téléspectateurs.
La responsabilité en revient à Guillaume Canet, scénariste, qui pond ici un scénario anémié et mal construit (on se demande bien quand l'histoire commence, et si elle commença un jour), une adaptation qu'on soupçonne d'être bien trop fidèle au livre de base. Sauf que voilà, un roman n'est pas un film.
L'autre responsable est Christian Duguay, dont la mise en scène est complètement inhabitée, formatée à outrance et qui emprunte la plupart de ses composantes aux codes publicitaires : ralentis (le cheval saute, un ralenti), musique sans âme qui masque difficilement le vide narratif de certaines séquences et leur ringardise (promenade de chevaux en bord de mer) et enfin, la photographie. On se croirait devant un spot de 2h pour les biscottes Heudebert.
Mais le plus gênant est sans doute de voir que "Jappeloup" a été écrit et fait uniquement pour fournir à Guillaume Canet une bande-démo de deux heures. Dans ce processus autocentré, celui-ci incarne un jeune homme de 20 ans, alors qu'il en a presque le double. Cela se voit.
Le monde dépeint par l'histoire, très bling-bling, où aucune aspérité n'a sa place, reflète le contexte de production de "Jappeloup": un film sur-financé (26M€!!) fait par et pour l'aristocratie mafieuse du cinéma français (Auteuil, Canet), où le copinage règne outrageusement (Canet ramène ses potes, comme Joel Dupuch, l'ostréiculteur des "Petits Mouchoirs" et se paye Sutherland et Rochefort en guests).
Qui plus est, "Jappeloup" est aussi plombé par le manque de talents de ceux qui y jouent : Higelin est mauvais et les seconds rôles le sont autant (les présentateurs hippiques et même le fils de Sutherland, qui n'a pourtant qu'une réplique en anglais). Seuls Lou de Lâage et Auteuil s'en sortent à peu près, sans avoir de vrai personnages à incarner.
Qu'est-ce qu'on s'ennuie, qu'est-ce que c'est lent ! Le suspense des scènes de compétition est inexistant (sauf peut-être la dernière, bien aidée par la musique) et on se contrefout totalement du destin de ce personnage très antipathique qu'est Pierre Durand (le film ne fait pas honneur à la figure publique).
Cela fait la deuxième fois en 2013 que Jérôme Seydoux lance la production d'un film au scénario raté, après "Turf". Si "Turf" incarnait le versant crétin du monde hippique, "Jappeloup" en est sûrement son versant vaniteux. Quoiqu'il en soit, les deux sont bien ratés.

samedi 16 mars 2013

CAMILLE CLAUDEL 1915

1h35 - 13 mars 2013

Un film de Bruno Dumont avec Juliette Binoche, Jean-Luc Vincent, Robert Leroy
Hiver 1915. Internée par sa famille dans un asile du sud de la France – là où elle ne sculptera plus – chronique de la vie recluse de Camille Claudel, dans l’attente d’une visite de son frère, Paul Claudel.

Le Mot du Comte : 0,5/5
S'il fallait résumer le dernier film de Bruno Dumont en quelques mots, une phrase comme celle-ci suffirait : des gens marchent sur des graviers.
"Camille Claudel 1915" est l'évocation des premiers mois d'internement de la sculptrice, interprétée ici par Juliette Binoche - visiblement en manque de légitimité auteuriste, dans un asile du sud de la France.
Il ne se passe presque rien dans cet univers terne et blafard (le film est pourtant tourné dans une des plus belles région de France) où sont réunies presque toutes les figures imposées d'un certain cinéma français, naturaliste jusqu'à l'os (comme par exemple les nudités gratuites, ici dans une séquences où les patients - y compris Binoche, prennent le bain).
Dans cet asile où l'on entend les mouches voler et où les bonnes soeurs sont déguisées en oeufs de pâques, on s'ennuie ferme. Le scénario, d'une pauvreté abyssale (connaissant Dumont, l'on en vient même à soupçonner son existence matérielle), ne contient que deux étapes narratives, espacées de 80 minutes de vide: Binoche apprend que son frère vient la visiter, et la visite dudit frère. 
Dans cette mascarade pleine d'arrogance, Juliette Binoche peine à incarner autre chose qu'elle-même. Elle mange une pomme de terre, prend un bain, écrit, pleure, dort. 
Durant deux très longs plans-séquences (chez le directeur de l'asile et avec son frère), celle-ci entame de glorieux monologues auquel on ne comprend pas grand chose tant elle mange ses mots,  et tant ses glandes lacrymales sont poussées à leur maximum. Ce pathos tape-à-l'oeil ne masque pas le vide du personnage.
Les autres acteurs, comme dans tout les autres films de Bruno Dumont, sonnent tous faux (excusons-les, ce sont pour la plupart des amateurs). Le frère de Claudel est incarné par Jean-Luc Vincent, sosie de Fabrice Luchini - sans son talent hélas, qui récite de longues tirades sans but ni formes et de manière très théâtrale, esquisse d'un éventuel débat théologique, mais en réalité esquisse de rien du tout (la scène où il s'agenouille en pleine garrigue pour prier a été source de fous rires).
Qui plus est, il y a une certaine forme d'indécence à exploiter ici de vrais handicapés mentaux, dans ce qui n'est pas un documentaire, mais bien une fiction (un essai de fiction du moins). Si certains brandissent l'argument de la véracité documentaire, la gêne est ici bien présente. Le réel n'autorise pas à faire n'importe quoi.
Par delà la caricature d'un certain cinéma français, Bruno Dumont signe avec "Camille Claudel 1915" la caricature de son propre cinéma, dans lequel Juliette Binoche n'est pas Claudel, mais bel et bien Juliette Binoche qui s'acoquine. C'est peut-être la plus grosse erreur de Dumont, avoir trahi sa doctrine du non-acteur.

vendredi 15 mars 2013

LE MONDE FANTASTIQUE D'OZ

2h07 - Sortie le 13 mars 2013

Un film de Sam Raimi avec James Franco, Mila Kunis, Rachel Weisz et Zach Braff
Lorsque Oscar Diggs, un petit magicien de cirque sans envergure à la moralité douteuse, est emporté à bord de sa montgolfière depuis le Kansas poussiéreux jusqu’à l’extravagant Pays d’Oz, il y voit la chance de sa vie. Tout semble tellement possible dans cet endroit stupéfiant composé de paysages luxuriants, de peuples étonnants et de créatures singulières ! Même la fortune et la gloire ! Celles-ci semblent d’autant plus simples à acquérir qu’il peut facilement se faire passer pour le grand magicien dont tout le monde espère la venue. Seules trois sorcières, Théodora, Evanora et Glinda semblent réellement douter de ses compétences…

La Moyenne des Ours : 1,8/5

Le point de vue de Pépite : 3/5
Le Monde Fantastique de Oz est un film sympathique qui a le mérite de moderniser l'univers originel dans une adaptation un peu édulcorée et enfantine.
Nul doute ici, c'est un film Disney. La direction artistique rappelle d'ailleurs le récent Alice au Pays des Merveilles de Tim Burton réalisé pour la firme de Mickey : beaucoup de couleurs vives, de fleurs et d'animaux merveilleux.
Au niveau de l'histoire, rien que du réchauffé : pas trop d'originalité dans les aventures de ce magicien-escroc vénal et égoïste. Là où il y aurait eu des choses intéressantes à creuser, les scénaristes et le réalisateurs sont restés plutôt mystérieux et anecdotiques : trois personnages du Texas du personnage de James Franco se retrouvent dans Oz sous une autre forme. L'assistant du magicien, joué par (le toujours excellent) Zach Braff, devient un singe ailé. Une petite fille qui souhaitait récupérer l'usage de ses jambes devient une petite fille en porcelaine. Et enfin, Annie devient la gentille sorcière Glinda. Cette seconde chance qu'il obtient avec chacun d'eux n'est pas vraiment évoquée dans le film alors qu'elle était très intéressante.
Tous les comédiens sont plutôt "à fond" dans l'ouvrage et jouent avec cohérence leurs personnages dans une veine "enfantine" : leurs réactions sont plutôt attendues et un peu caricaturales.
Pour les plus grands, l'ennui pointe le bout de son nez régulièrement, mais certaines scènes très réussies permettent de relancer la machine.
Si Oz n'est pas le formidable spectacle auquel on s'attendait, Sam Raimi nous donne à voir sa version intéressante du monde de Oz, ouvrant la voie à une franchise possiblement de qualité.

Le Mot du Comte : 1,5/5
Si c'est avec un plaisir certain qu'on retrouve l'univers et la mythologie du pays d'Oz, près de 70 ans après le premier film réalisé par Victor Fleming, l'ampleur des dégâts est à la hauteur du souvenir laissé par le dernier mauvais film Disney, le mal-nommé "Alice au Pays des Merveilles", avec qui "Oz" possède de nombreux points communs.
Premièrement, on retrouve la même laideur des décors (dieu que ça pique les yeux, et même en 2D), agrégats de fonds verts et d'infographies sans âmes : c'est fatigant. Faute d'un scénario un tant soit peu épais, "Oz" se repose bien trop sur ses effets spéciaux.
Pour revenir au scénario, enfin, celui-ci est très prévisible (les yeux attentifs découvriront l'identité de la Sinistre Sorcière de l'Ouest dès le générique de début) et très manichéen. Et également un peu douteux au niveau de sa morale (on retrouve encore, en 2013, un bon noir avisé qui vient faire la leçon au héros). Bref, on s'ennuie très vite tant ça patine. Quand aux personnages, ils manquent cruellement d'épaisseur (surtout les seconds rôles, comme le singe ailé ou la poupée de céramique).
Si on reconnaît parfois la patte Sam Raimi, notamment dans les mouvements de caméra, celui-ci semble bien écrasé par les rouages de cette grosse machine informe.
Ceci dit, les dernières quinze minutes sont intéressantes (surtout la scène où le Magicien se révèle dans la fumée), malgré la ringardise des combats de sorciers, qui empruntent leur style aussi bien à "Harry Potter" qu'à "Star Wars" (oui, les éclairs vert).
Ah, et le détail qui tue : la chanson de Mariah Carey pour le générique de fin. Il serait grand temps que Disney arrête de prendre les gosses pour des imbéciles décérébrés.

La note de Tinette : 1/5
La note de Juani : 1,5/5

THE SESSIONS

1h35 - Sortie le 6 Mars 2013

Un film de Ben Lewin avec John Hawkes, Helen Hunt et William H. Macy
Mark fait paraître une petite annonce : "Homme, 38 ans, cherche femme pour relation amoureuse, et plus si affinités. En revanche paralysé… Amatrices de promenade sur la plage s’abstenir...". L’histoire vraie et bouleversante d’un homme que la vie a privé de tout, et de sa rencontre avec une thérapeute qui va lui permettre d’aimer, "comme tout le monde".

La Moyenne des Ours : 3,7/5

Le point de vue de Pépite : 4/5
The Sessions est un film touchant et drôle grâce à sa belle histoire humaine et à ses comédiens inspirés.
On peut vraiment rire de tout, avec presque tout le monde. Ici ce qui frappe c'est l'humour cynique mais non désabusé du personnage principal atteint de polio depuis son enfance, incarné avec brio par John Hawkes. Il est conscient de sa condition et de son espérance de vie mais cela ne l'empêche pas de croire en Dieu, en un Dieu plein d'humour et d'ironie. S'il n'y avait pas de Dieu à qui pourrait-il "blâmer" pour sa condition ?
Les "sessions" du titre sont d'ailleurs autant celles "sexuelles" avec la "thérapeute" sexuelle jouée par Helen Hunt (très touchante) que celles avec le prêtre confesseur joué par William H. Macy (très drôle et touchant lui aussi) ou celles avec les différents confidents autour du personnage de Hawkes, ces assistants de vie, une connaissance handicapée, etc.
Le scénario intelligent de The Sessions alterne des séquences très amusantes de confessions avec le prêtre (qui parle de sexe tout en admettant qu'il n'en est pas le plus fin connaisseur) et des séquences d'une pudeur extrême alors qu'ils sont en pleine "action". Ces scènes d'initiation au sexe sont amusantes et touchantes, John Hawkes donnant beaucoup de lui-même.
Jusqu'à la dernière scène qui déclenche la première petite larme du film (ou plus si affinités lacrymales), The Sessions joue avec intelligence avec toutes les émotions humaines ; un très bon moment, on y reviendra.

La note de Tinette : 4/5
La note de Juani : 3/5

mardi 12 mars 2013

CLOUD ATLAS

2h45 - Sortie le 13 Mars 2013

Un film de Lana Wachowski, Tom Tykwer & Andy Wachowski avec Tom Hanks, Halle Berry, Jim Broadbent, Jim Sturgess, Ben Whishaw, Hugh Grant, etc.
À travers une histoire qui se déroule sur cinq siècles dans plusieurs espaces temps, des êtres se croisent et se retrouvent d’une vie à l’autre, naissant et renaissant successivement… Tandis que leurs décisions ont des conséquences sur leur parcours, dans le passé, le présent et l’avenir lointain, un tueur devient un héros et un seul acte de générosité suffit à entraîner des répercussions pendant plusieurs siècles et à provoquer une révolution. Tout, absolument tout, est lié.

La Moyenne des Ours : 4/5

Le point de vue de Pépite : 4,5/5
Cloud Atlas est une vraie claque de narration, jouissive et puissante.
Les réalisateurs tissent des fils dramatiques si tendus et passionnants qu'on ne peut que désespérer d'en connaître l'issue. Les histoires s'entremêlent avec intelligence notamment grâce aux voix off très bien écrites qui nous font traverser l'espace et le temps avec facilité et pertinence, aux travers d'aller-retours entre passé, présent et futur.
Le casting composé de célébrités (Tom Hanks, Halle Berry, Hugh Grant) et de très bons comédiens un peu moins connus (Jim Broadbent, Ben Wishaw ou Bae Doona) prend part à 100% au côté ludique du film : on prend un très grand plaisir à reconnaître (ou non) les comédiens dans les différents rôles de Cloud Atlas, plaisir doublé de rire lorsque les maquillages sont un peu ridicules. Mais ces acteurs ne le sont pas, ridicules : en effet, ils rendent compte avec efficacité du point de vue (quelque peu philosophique, on parle tout de même des Wachowski) du scénario de Cloud Atlas. Les vies antérieures, présentes et futures ont des incidences entre elles ; tout est lié.
Ce qui est extrêmement fort et touchant c'est l'intuition des personnages (parfois légère, parfois très forte), ce fait qu'ils semblent constamment toucher inconsciemment du doigt la réponse à une question qu'ils ne se sont pas posés...
Là où les réalisateurs innovent réellement au niveau narratif - chaque histoire fonctionnant comme un écosystème à la fois indépendant et à la fois complètement dépendant des autres histoires, on ne retrouve pas ce même type de performance côté réalisation et effets visuels (ce n'est du moins pas aussi impressionnant que la saga des Matrix pouvait l'être). Mais le jeu sur les genres cinématographiques (on retrouve de la comédie, du film d'aventure, d'action le thriller, la romance, etc.) leur permet de développer leur mise en scène de multiples façons, supprimant par la sorte l'ennui qui aurait pu faire son apparition sur 2h45 de film.
Cloud Atlas est un film fort réussi et narrativement très imposant : un des films de 2013 à ne pas rater, à coup sûr.

Le Mot du Comte : 4/5
Il faut un peu de temps pour réussir à rentrer pleinement dans "Cloud Atlas". La confusion ressentie dans le premier quart d'heure (faites attentions aux dates!) est due à la structure même du film: l'enchevêtrement de plusieurs intrigues étalées sur plusieurs époques, avec des acteurs qui incarnent, plus ou moins, les mêmes valeurs (par exemple, Hugo Weaving est toujours le méchant). L'humanité passée, l'humanité présente, l'humanité future.
La nécessité d'une telle structure en ADN, laisse d'abord perplexe. Après tout, "Cloud Atlas" ressemble à plusieurs courts-métrages montés en montage alterné. Il existe des passerelles entre les histoires, celles-ci étant parfois bien grossières et poussives (la tâche de naissance), d'autres plus subtiles (notamment vers les finalités des histoires), où le montage alterné prends tout son sens, et les raccords deviennent des passerelles porteuses de symboliques (et entretiennent du coup, le suspense). C'est alors que la structure du film (jusque-là artificielle et assez injustifiée) prends tout son sens et sa cohérence face au postulat des auteurs (le bilan des vies passées influencent les vies futures), le film gagne alors une véritable génétique, un génome à analyser dans sa durée, dans son ensemble. Le spectateur se satisfait alors du faible contenu scénaristique des intrigues qui, vue séparément, ne cassent aucune brique (celle qui se passe à Néo-Séoul est une copie du "Soleil Vert", d'ailleurs pris en référence dans une autre histoire). "Cloud Atlas" n'est pas loin du film à sketches et du coup, des défauts afférents au genre.
Si les maquillages peuvent paraître très grossiers (et les décors aussi, on se souvient du très cartoon "Speed Racer"), il y a un côté ludique à reconnaître quel acteur est qui. Ce petit jeu peut parfois sortir le spectateur du film, c'est dommage.
Cela n'empêche toutefois pas l'émotion d'affluer dans le dernier quart d'heure du film, lorsque les histoires s'achèvent et que le spectateur est écrasé par la puissance de l'addition des narrations, malgré un côté un peu mécanique et facile (notamment celle de l'éditeur Cavendish, inachevée et à l'issue facile : qu'en est-il de l'argent qu'il devait rembourser?)
Il faut toutefois déplorer que le propos ne soit pas plus développé et pas plus affirmé. Si on ressent bien l'ambition démesurée du projet et la splendeur de "Cloud Atlas", il y avait plus à dire, et plus fort.

La note de Tinette : 4,5/5
La note de Juani : 3/5

lundi 11 mars 2013

40 ANS : MODE D'EMPLOI

2h14 - Sortie le 13 Mars 2013

Un film de Judd Apatow avec Paul Rudd et Leslie Mann
Pete est marié depuis des années à Debbie avec qui il a eu deux filles, Charlotte et Sadie, âgées de 8 et 13 ans. Pete aura bientôt 40 ans et le bilan est rude : la maison de disques indépendante qu’il a créée bat de l’aile, son père Larry, qui a récemment, et artificiellement, engendré des triplés, lui emprunte très régulièrement de l'argent, et à la maison, la vie n’est pas non plus un long fleuve tranquille. Quant à Debbie, elle a ses propres difficultés. Elle essaie opiniâtrement d’être une épouse et une mère parfaite, mais elle a un mal fou à négocier le virage de la quarantaine...

La Moyenne des Ours : 2,5/5

Le Mot du Comte : 2/5
Si on compare le contenu scénaristique de "40 ans : Mode d'emploi" et sa durée, il y a un grand gouffre. En effet, la faible épaisseur des intrigues-anecdotes ne justifie aucunement la durée pharaonique du film. Face à ce manque d'enjeux globaux, l'ennui arrive très vite.
C'est dommage, car les acteurs qui forment cette petite famille sont plutôt attachants et impliqués. Il y a de vrais beaux moments. Mais qu'est-ce que ça rame, qu'est-ce que ça patine!
Le film manque en réalité d'unité et de liant. Le happy-end est prévisible et digne de l'univers artificiel du film, où les personnages sont censés être en danger (financier et physique) et vivre des conflits. Entre les belles maisons, la belle école, les beaux jardins et les belles voitures, on peine à y croire.
Pour quelques moments de grâce, "40 ans : Mode d'emploi" est en fait bien étouffant, et pas vraiment léger.

Le point de vue de Pépite : 3/5
40 ans : mode d'emploi (This is 40) est une comédie plutôt réussie et drôle, mais qui s'essouffle un peu dans la durée...
Les comédies "made by" Judd Apatow auront tout connu ; du succès au bide en passant par des films cultes et d'autres plus oubliables... Le dernier en date est de plutôt bonne facture.
Paul Rudd et Leslie Mann apportent beaucoup à l'humour du film, ainsi que la ribambelle de seconds rôles amusants au fort potentiel comique déjà bien connu : Jason Siegel en entraîneur sportif gourou et obsédé sexuel, Chris O'Dowd en manager de maison de disque, Megan Fox en collègue sulfureuse et Maude et Iris Apatow - qui incarnent les deux filles du couple principal - sont également très drôles et très... crédibles ! Elles se trouvent être les filles du réalisateur et de la comédienne principale !
La sinergie qui existe dans cette famille atypique ainsi que dans toute la distribution permet à la plupart des gags d'être réussis. L'humour du film, comme pour la plupart des films de la famille Apatow, fonctionnent grâce à ce groupe de comédiens excellents.
Seul bémol, comme dans le récent 5 ans de réflexion de Nicolas Stoller avec Jason Segel et Emily Blunt, le film est un peu trop long. 2h14 pendant lesquelles ont assiste à plusieurs revirement dramatiques qui finissent un peu par lasser.
C'est dommage, car la dynamique était plutôt vertueuse et l'humour éclatant... Pas mal, soit dit en passant !

À LA MERVEILLE

1h52 - Sortie le 6 Mars 2013

Un film de Terrence Malick avec Ben Affleck, Olga Kurylenko, Rachel McAdams et Javier Bardem
Même s’ils se sont connus sur le tard, la passion qu’ont vécue Neil et Marina à la Merveille - Le Mont-Saint-Michel - efface les années perdues. Neil est certain d’avoir trouvé la femme de sa vie. Belle, pleine d’humour, originaire d’Ukraine, Marina est divorcée et mère d’une fillette de 10 ans, Tatiana. Désormais, le couple est installé dans l’Oklahoma. Leur relation s’est fragilisée : Marina se sent piégée. Dans cette petite communauté américaine, elle cherche conseil auprès d’un autre expatrié, un prêtre catholique nommé Quintana. L’homme a ses propres problèmes : il doute de sa vocation… Marina décide de retourner en France avec sa fille. Neil se console avec Jane, une ancienne amie à laquelle il s’attache de plus en plus. Lorsqu’il apprend que rien ne va plus pour Marina, il se retrouve écartelé entre les deux femmes de sa vie. Le père Quintana continue à lutter pour retrouver la foi. Face à deux formes d’amour bien différentes, les deux hommes sont confrontés aux mêmes questions.

La Moyenne des Ours : 3/5

Le Mot du Comte : 3,5/5
Perdu depuis "Tree of Life" dans les méandres du mysticisme cosmique, cela fait plaisir de retrouver un Terrence Malick un peu plus terre à terre. "À la merveille" est plus structuré et plus linéaire, même s'il garde un côté contemplatif qui pourra en rebuter certains (les poèmes en voix-off de Kurylenko peuvent vite agacer).
La force du film repose dans son côté sensoriel et dans son jeu visuel permanent entre le dit et le non-dit, le vu et l'entendu, la surface des choses, des êtres, et leurs profondeurs insondables (Malick est obsédé par le reflet de l'eau). On se sent familier de ces personnages qui, s'ils ne sont pas très fouillés, sont des archétypes, des positions, des postures dans le mécanisme amoureux. La posture de Malick face à l'Amour est d'une justesse et d'une douceur incroyables. Le personnage de Javier Bardem, en questionnement vis à vis de sa foi est très empathique, même si on peine à le relier aux autres.
La cohérence du film avec le propos que Malick avance tient par son montage (qui est une leçon à lui tout seul). Un autre versant du film consiste en le portrait d'une Amérique à bout de souffle, usée par son propre capitalisme. Dommage que cette partie ne soit traitée que timidement.
"À la merveille" est splendide et fascinant, il est par contre un peu trop long.

Le point de vue de Pépite : 2,5/5
À la merveille est un film qui s'inscrit dans la lignée cosmique de The Tree of Life, le côté "peu accessible" en moins. Ici, ce n'est pas qu'il n'y a pas d'histoire, c'est qu'elle n'est pas racontée.
Les comédiens travaillant pour Malick disent régulièrement en interview qu'avec toute la matière filmique en sa possession, il pourrait raconter au moins 300 histoires différentes. Mais il choisit dans À la merveille de n'en raconter aucune en particulier. Les voix off nous donnent à entendre les problématiques des personnages - d'une façon très belle, l'image n'agissant alors que comme illustration poétique, ne soulignant pas le son, mais l'interprétant.
Les personnages sont intéressants (un ingénieur, une mère célibataire, une femme travaillant dans un ranch, un prêtre) ainsi que le côté international donné au film (français, anglais, espagnol et italien sont parlés dans le film), mais l'absence de tissu narratif concret à de quoi fatiguer. Au bout d'un moment, toutes les théories qu'on a pu élaborer à partir du tissu poétique ne suffisent plus.
Après 1h30, Mallick dépasse un certain seuil de tolérance, et alors que les moins patients partent, les plus courageux s'ennuient. La confusion fait alors son apparition, alors qu'auparavant nous pouvions accepter le manque de liant et d'informations.
À la merveille est beau, poétique, mais évanescent.

dimanche 10 mars 2013

HANSEL & GRETEL : WITCH HUNTERS

1h28 - Sortie le 6 Mars 2013

Un film de Tommy Wirkola avec Jeremy Renner, Gemma Arterton, Famke Janssen & Peter Stormare
Liés par le sang, Hansel et Gretel ont aujourd’hui soif de vengeance, et ils s’en donnent à cœur joie. Pourtant, sans le savoir, ils sont désormais victimes d’une menace bien plus grande que leurs ennemis : leur passé.

La Moyenne des Ours : 1/5

Le Mot du Comte : 0/5
Quel film crétin, quel film débile! Le logo MTV Films dès le début du film est un mauvais présage : "Hansel & Gretel: Witch Hunters" est une diarrhée visuelle filmée et montée par des macaques épileptiques où des gentils tout beaux se battent contre des vilaines pas belles (mais vraiment pas belles hein!).
Le scénario manichéen, qui prend pour base le conte que nous connaissons tous, tente maladroitement de nous faire croire en ces personnages vides, qui ne vivent aucun conflit (excepté pour le troll qui ressemble à Jean-Pierre Castaldi, léger conflit) et agissent de manière mécanique et artificielle. Si encore c'était fun, hélas. Difficile de trouver du plaisir coupable ici tant le vide est abyssal.
Difficile également de croire en cet univers steampunk où cohabitent tasers modèle Tesla (qui servent aussi de défibrillateurs), armes en fer forgé et bûchers du Moyen-Âge.
La 3D, inutile, ne sert qu'à mettre en valeur les innombrables copeaux de bois qui volent au gré des séquences. C'est usant, abrutissant et ça pique les yeux. Et la bande-son calamiteuse n'arrange pas du tout les choses (la musique, qui reprend toutes les figures du genre, ressemble à celle d'un mauvais jeu vidéo).
Si on ajoute à ça le sous-texte fasciste (meurtres punitifs et fascination pour les armes, vigilantisme du Moyen-Âge), "Hansel & Gretel: Witch Hunters" relève du véritable foutage de gueule. Désolant.

Le point de vue de Pépite : 1/5
Hansel & Gretel est finalement très prévisible et pas si fun.
La transposition du conte original est ici plutôt ratée : impossible de situer l'espace et le temps de l'intrigue. Il y a des villes aux noms flamands, mais des coutumes à l'américaine comme l'existence d'un shérif - Peter Stormare qui n'a pas grand chose à jouer et donc cabotine un peu - il y a des armes anciennes et des maisons anciennes et pourtant des fusils à pompe élaborés et un... taser ! Certes un taser "manuel" qu'il faut recharger mais un appareil électrique tout de même... Grand nombre d'incohérences qui seraient excusées si elles apportaient leur lot de fun... mais ce n'est pas le cas.
Côté rapports Hansel/Gretel, même chose. Ils sont plus deux mercenaires associés que des frères. Leurs liens du sang mis en avant sur l'affiche du film ne sont pas exploités. L'histoire soit disant originale racontée ici est très artificielle et prévisible.
Le côté prévisible du film a d'ailleurs quelque chose d'amusant : tout le monde dans la salle se sent fier d'annoncer à son voisin qu'il a compris qu'en fait tel personnage est une sorcière (la cible captive du film est quelque peu bruyante et semble oublier qu'elle n'est pas dans son salon devant sa télévision...) !
Hormis le côté "bad-ass" de Renner et de Arterton et leur humour ponctuel (certaines répliques font en effet rire, parfois par leur côté cliché), il n'y a pas grand chose à se mettre sous la dent dans cette adaptation musclée et parfois plutôt désagréable à regarder (les scènes d'action, peu lisibles, sont filmées un peu n'importe comment). Rangez les lunettes 3D, pas de relief cinématographique ici.

La note de Juani : 2/5

jeudi 7 mars 2013

SPRING BREAKERS

1h32 - Sortie le 6 mars 2013

Un film de Harmony Korine avec James Franco, Vanessa Hudgens & Selena Gomez
Pour financer leur Spring Break, quatre filles aussi fauchées que sexy décident de braquer un fast-food. Et ce n’est que le début… Lors d’une fête dans une chambre de motel, la soirée dérape et les filles sont embarquées par la police. En bikini et avec une gueule de bois d’enfer, elles se retrouvent devant le juge, mais contre toute attente leur caution est payée par Alien, un malfrat local qui les prend sous son aile…

La Moyenne des ours : 2/5

Le Mot du Comte : 1,5/5
A choisir entre la blague ou l'arnaque, il n'y a qu'un pas que "Spring Breakers", film soi-disant sulfureux de l'obscur Harmony Korine, franchit allègrement. Au coeur de cette Amérique consumériste tiraillée par ses extrémismes et ses contradictions, Korine filme sous la forme d'une espèce de clip-conte à la morale anodine, quatre jeunes filles très antipathiques, très puériles et qui ne forment que des coquilles vides. 
Parmi elles, seule Faith (Selena Gomez) est attachante. C'est la seule à porter une ébauche de personnage, car elle vit un petit conflit. Les trois autres se contentent de glousser en bikini à écouter un pénible James Franco, dont le personnage aligne caricature sur caricature (le gangsta de Floride dont la maison est décorée de guns, de billets et de photos de Tony Montana) et répète inlassablement "do you like my shit?" ou "Spring Break forever". Passées les 40 minutes, on peine à compter le nombre de portes ouvertes que Korine a enfoncé.
Contrairement aux oripeaux qu'il arbore, "Spring Breakers" est plus réactionnaire que révolutionnaire. La pensée de Korine est ultra formatée et n'apporte rien à une éventuelle réflexion sur la société de l'illusoire et de la vitesse (on peut la résumer ainsi : ne pas être sérieux ne mène à rien). Le scénario, très pauvre, tourne vite en rond. Une fois son concept épuisé, Korine en vient à pondre une artificielle intrigue de rivalité entre rappeurs (à l'épilogue peu crédible où Hudgens et Benson descendent à elles seules un gang entier de gangsta supposés ultra violents) pour continuer à faire tourner sa machine fluo.
Si l'attention est éveillée dans la première demie-heure, celle où Korine filme avec une fascination quasi publicitaire des jeunes qui font la fête sur des musiques Dubstep à la mode, l'ennui pointe vite le bout de son nez. Korine filme des culs et des seins sans savoir pourquoi (on se croirait presque sur MTV) et sans faire ressentir la moindre émotion à son spectateur. Sous couvert de vouloir livrer un trip, un voyage sensoriel, le film ne distille qu'une insupportable poésie du vide. N'est pas Gaspar Noé qui veut. 
"Spring Breakers", de la forme sans fond, du style mais pas l'ombre d'une gueule.

Le point de vue de Pépite : 2,5/5
Spring Breakers est un film atypique, c'est certain. Mais ce n'est pas toujours un point positif.
Le principal problème du film pop de Harmony Korine est sa construction alambiquée fonctionnant par cycles : on avance, on recule, on dit quelque chose, on le répète, on voit des fesses, on voit des armes, puis encore des fesses, etc. Il n'y a pas vraiment d'unicité dans l'histoire de ces 4 filles allant au Spring Break avec de l'argent volé qui vont se mettre dans de beaux draps en rencontrant notamment le caïd verbeux joué par James Franco (yo !). La plupart des dialogues sont d'ailleurs éclatés dans plusieurs décors : on sait que c'est la continuité du même dialogue - dialogue qui est d'ailleurs souvent répété (jusqu'à l'absurde à la fin du film où l'on peut entendre le même dialogue 5 fois dans 2/3 décors différents, à la suite !) - mais les personnages ne sont plus dans le même décor, ou ont bougé. La confusion qui en découle est également provoquée par un montage qui n'hésite pas à brouiller la piste du temps : quand sommes-nous ? Un personnage éclate en sanglot après une confrontation qui n'a pas encore eu lieu à l'image, puis elle est consolée, puis on a le droit à la confrontation, puis encore les sanglots, etc.
Harmony Korine a le mérite de réaliser un film plastiquement beau, ou du moins très intéressant : une caméra presque toujours à l'épaule, qui bouge pas mal, parfois des ralentis, puis une utilisation de caméra en mode "found footage", etc. Les couleurs très vives et fluo rendent le tout très "pop", très moderne. Les séquences de Spring Break à proprement parler sont extrêmement jouissives au départ : Skrillex et jeunes à demi-nus en train de dépenser sur la plage ou au bord d'une piscine la moindre once de vie et d'énergie qu'ils ont, dans l'insouciance la plus totale, alcool et drogues aidant. C'est Projet X poussé à l'extrême, et malheureusement cela finit presque par écœurer. Ecœurement également du au caractère vain de ce que l'on voit...
Le mélange pop-trash de Harmony Korine finit par rapidement lasser, le spectateur étant laissé de côté sans avoir un accès direct aux drogues que ses personnages prennent. Surprise : il ne suffisait pas de nous montrer d'anciennes star Disney à poil en train de se bécoter dans un monde fluo pour faire un chef d'oeuvre... Étonnant.

mercredi 6 mars 2013

20 ANS D'ÉCART

1h32 - Sortie le 6 mars 2013

Un film de David Moreau avec Virginie Efira, Pierre Niney & Gilles Cohen
Alice Lantins a 38 ans. Elle est belle, ambitieuse et fait preuve d’une impeccable conscience professionnelle au point d’en oublier sa vie privée. Bref, elle a tout pour devenir la prochaine rédactrice en chef du magazine « Rebelle », tout sauf son image de femme coincée. Mais lorsque le jeune et charmant Balthazar, à peine 20 ans, va croiser le chemin d’Alice, le regard de ses collègues va inexplicablement changer. Réalisant qu'elle détient la clef de sa promotion, Alice va feindre la comédie d’une improbable idylle.

La Moyenne des Ours : 3,5/5

La note de Pépite : 4/5
Europacorp s'était complètement planté au début de l'année avec le désastreux et nauséabond "Un Prince (presque) charmant", sacrifiant ses comédiens sur l'autel d'un scénario inexistant et au service d'un objectif commercial à peine maquillé (Renault).
Cette fois-ci, "20 ans d'écart" - toujours produit par la firme de Besson - est une vraie réussite et constitue la bonne surprise du mois !
Cet outsider atypique est en effet très bien écrit et très bien interprété. Pierre Niney - nouveau "héros" de comédie qui crève l'écran - est à la tête d'un casting en grande partie réussi, notamment grâce à l'écriture de (presque) TOUS les personnages du film. Amro Hamzawi et David Moreau ont en effet tissé une toile de personnages creusés et tous traités d'une manière humoristique : que ce soient des personnages secondaires, tertiaires ou mêmes les silhouettes et figurants, tous peuvent être source d'un humour très vif. De Gilles Cohen en patron gay arty à Charles Berling en père obsédé en passant par Blanche Gardin en photographe vulgaire ou même un étudiant grande gueule dans un amphi de fac, presque tous les personnages croisés par le couple principal sont drôles, et réagissent positivement aux situations et aux répliques. L'histoire racontée a une vraie incidence sur son environnement.
Virginie Effira ne convainc pas tout à fait au début, et puis au fur et à mesure, aidée par une synergie positive avec Pierre Niney, elle finit par appartenir vraiment à l'univers humoristique du film. 
Le tout est une bouffée d'air frais dans la comédie française contemporaine. Certes, la construction du scénario suit un motif assez classique et quasi-toutes les étapes "obligatoires" sont respectées, mais l'écriture précise et drôle du vaste réseau de personnages secondaires, ainsi que la très bonne écriture des dialogues (qui sonnent plus que justes dans la bouche de Niney) nous font oublier ce léger manque... Même en y repensant j'en ris : il y a un nombre incalculable de vannes et de bons mots qui sont vraiment tordants... Même le chauffeur de taxi y va de sa petite réplique (crise de fou rire garantie)...
Vraiment, "20 ans d'écart" est la comédie française surprise du mois ! 

Le Mot du Comte : 3/5
"20 ans d'écart" est une bonne comédie, très rythmée et très bien écrite. Trop bien écrite. C'est peut être son principal défaut. En effet, si le scénario du film suit la structure type d'une comédie romantique, celui-ci est bien trop calibré, un produit sans aspérité, sans humanité : pas de temps morts, pas de respiration, et c'est assez épuisant sur la longueur.
Qui plus est, si les bons mots et les gags sont drôles et parfois bien trouvés, on sent la volonté des auteurs d'en mettre absolument partout, à chaque seconde, ce qui acroit la sensation d'étouffement. Si on ajoute à ça la vitesse extrême du film (via son rythme), la surdose n'est pas loin.
La satyre du milieu de la mode est intéréssante, mais parfois trop attendue et caricaturale (la patronne du journal est un sosie d'Anna Wintour, c'est un peu facile). Qui plus est, il y a parfois un problème de posture quant au thème du film (être sincère, privilégier la voie du coeur) et la forme parfois très artificielle du film (photographie léchée, esthétique de magazine de mode, quasi-parfaite et sans aspérité, donc à contre-courant de la morale du film). Le jeu de miroir enfants matures et parents ados (Charles Berling et Louis-Do de Lencquesaing, qui se tapent des ados et refusent de grandir) est assez évocateur quant à ce problème de posture, un point de vue est à réaffirmer ici.
Ceci étant dit, il faut saluer le vrai travail effectué sur le réseau de personnages, aucun n'étant inutile et chacun étant bien travaillé (mention spéciale pour la photographe de mode, dont chaque ligne de dialogue est une perle). Les dialogues, c'est aussi une des forces du film, car ils vont parfois très loin, et cette fraîcheur fait vraiment du bien. Les interactions entre le premier et le second plan, les premiers rôles et les figurants sont vraiment très intéressantes et démontrent le vrai talent d'écriture des scénaristes.
Niveau casting, Virginie Efira est correcte et impliquée. Pierre Niney est très bon, mais tends parfois à s'enfermer dans sa propre caricature (c'est assez lassant de le voir dans le même rôle à chaque film).
Produit efficace et devant lequel on passe un bon moment, "20 ans d'écart" possède toutefois les défauts de ses qualités et manque d'âme. La comédie parfaite n'existe pas.

La note de Tinette : 3,5/5
La note de Juani : 3,5/5

lundi 4 mars 2013

AU BOUT DU CONTE

1h52 - Sortie le 6 mars 2013

Un film de Agnès Jaoui avec Agnès Jaoui, Jean-Pierre Bacri, Agathe Bonitzer & Arthur Dupont
Il était une fois une jeune fille qui croyait au grand amour, aux signes, et au destin ; une femme qui rêvait d’être comédienne et désespérait d’y arriver un jour ; un jeune homme qui croyait en son talent de compositeur mais ne croyait pas beaucoup en lui. Il était une fois une petite fille qui croyait en Dieu. Il était une fois un homme qui ne croyait en rien jusqu’au jour où une voyante lui donna la date de sa mort et que, à son corps défendant, il se mit à y croire.

Le Mot du Comte : 2,5/5
"Au bout du conte" est une déception. On attendait plus du dernier opus d'Agnès Jaoui. Dans ce film, Jaoui & Bacri utilisent le dispositif du conte pour construire leur scénario, mais ne vont pas assez loin. Le résultat, qui manque de piquant, ressemble un peu à joli gadget (cet aspect superficiel est renforcé par les transitions pastel de la mise en scène de Jaoui), une accumulation de séquences parfois très drôles mais qui peuvent s'identifier ainsi : Bacri moniteur d'auto-école, Bacri à un cocktail, Bacri engueule des enfants, etc. Cet intrigue éclatée, qui s'étend sur une multitude de personnages (Bacri, Jaoui, Dupont, Bonitzer fille, Biolay, etc) n'est pas suffisamment organique. Certains destins se devinent à l'avance (l'intrigue amoureuse Dupont/Meurisse). Cela ressemble à du Pascal Bonitzer, le piquant et la bizarrerie des dialogues en moins. "Au bout du conte" tient la route sur quelques séquences, mais pas sur son unité filmique propre.
Qui plus est, l'analogie du conte est parfois un peu lourde et pas très subtile (le chemin dans la forêt, le personnage-loup s'appelle Wolf, etc). Jean-Pierre Bacri est toujours en forme pour tirer la tronche, mais la place qu'il occupe dans l'histoire ne lui permet pas de hisser davantage le film.
Inégal, "Au bout du conte" est drôle et plutot agréable à regarder mais ressemble fort a une montagne russe : de grandes envolées et de larges moments de creux.

dimanche 3 mars 2013

SYNGUÉ SABOUR - PIERRE DE PATIENCE

1h42 - Sortie le 20 février 2013

Un film de Atiq Rahimi avec Golshifteh Farahani, Hamidreza Javdan & Hassina Burgan
Au pied des montagnes de Kaboul, un héros de guerre gît dans le coma ; sa jeune femme à son chevet prie pour le ramener à la vie. La guerre fratricide déchire la ville; les combattants sont à leur porte. La femme doit fuir avec ses deux enfants, abandonner son mari et se réfugier à l'autre bout de la ville dans une maison close tenue par sa tante. De retour auprès de son époux, elle est forcée à l'amour par un jeune combattant. Contre toute attente, elle se révèle, prend conscience de son corps, libère sa parole pour confier à son mari ses souvenirs, ses désirs les plus intimes... Jusqu'à ses secrets inavouables. L'homme gisant devient alors, malgré lui, sa "syngué sabour", sa pierre de patience - cette pierre magique que l'on pose devant soi pour lui souffler tous ses secrets, ses malheurs, ses souffrances... Jusqu'à ce qu'elle éclate !

Le Mot du Comte : 4/5
Une des choses remarquables du dernier film d'Atiq Rahimi est la puissance formelle qu'il dégage. De par son sujet premièrement, de par son histoire -qui utilise habilement la fable de la pierre de patience, et de par sa mise en scène, qui colle au plus près du destin de cette jeune femme afghane qui survit au milieu du conflit qui déchire son pays.
Golshifteh Farahani, femme tiraillée entre son désir et sa foi, est formidable et dégage immédiatement une vive empathie. Le portrait que fait Atiq Rahimi de cette femme est assez inédit : l'autre côté de la guerre, le civil de tous les jours qui vit le conflit, loin des extrémismes et des armes.
Si le film est bien sûr à charge contre une inquisition religieuse quasi-moyenâgeuse, esclave des superstitions, le film ne tient pas que sur ce postulat. "Syngué Sabour" est avant tout l'histoire de cette femme qui tient son monstrueux mari en vie du mieux qu'elle peut au milieu d'une maison qui jour après jour, tombe en ruine. C'est l'histoire d'un combat pour la liberté et la délivrance.
Le dispositif du film est efficace lui aussi : l'histoire se déroule en quasi huis clos, on ne quitte pas souvent cette petite maison brute et peu meublée aux murs usés par le temps. La photographie de Thierry Arbogast, variée et solaire, est en parfaite cohérence avec l'évolution de cette femme, qui petit à petit, quitte l'obscurité pour la lumière.
Il faut le dire, le film possède quelques longueurs, dus à des moments de creux scénaristiques. Mais certaines scènes, notamment la dernière, celle où la pierre de patience finit par exploser, sont très riches en tensions et en suspense. "Syngué Sabour" est un film écrasant car il est riche et puissant, un de ces films dont on ressort habité et plein d'espoir.

BOULE & BILL

1h22 - Sortie le 27 février 2013

Un film de Alexandre Charlot & Franck Magnier avec Franck Dubosc, Marina Foïs & Charles Crombez
Tout commence à la SPA. Un jeune cocker se morfond dans sa cage. Il ne trouve pas les maîtres de ses rêves. Soudain, apparaît un petit garçon, aussi roux que lui. Qui se ressemble s'assemble : c'est le coup de foudre. Pour Boule et Bill, c'est le début d'une grande amitié. Pour les parents, c'est le début des ennuis… Et c'est parti pour une grande aventure en famille !

La Moyenne des Ours : 2/5

Le point de vue de Pépite : 2/5
Boule & Bill est un divertissement familial "pas si mauvais".
Si la loufoquerie du film ennuiera la plupart des adultes et mortifiera les fans de la bande dessinée, il est fort possible que les enfants y trouvent leur compte. En effet Boule & Bill est un film pour enfant, parfois touchant, parfois amusant, qui ne vise pas "plus haut". Bien que les ficelles soient parfois un peu trop grossières et les intrigues un peu faiblardes (tendance compréhensible à simplifier les constructions de films pour enfants... - PS : ceux-ci peuvent tout de même comprendre des intrigues plus compliquées !) le tout fonctionne à peu près et réussit un peu plus son coup que les récentes comédies comme Max ou le désastreux Turf. La photographie, comme dans Max, est soignée (décidément, si une bonne photographie devient le standard, ce n'est pas moi qui m'en plaindrais), augmentant sensiblement la qualité globale du film.
Dispensable, mais pas raté, Boule & Bill est néanmoins à réserver aux plus jeunes.

Le Mot du Comte : 2/5
Contrairement à beaucoup de films récents visant le même public (je pense notamment à la triste série des "Ducobu" ou encore à "Max"), "Boule & Bill" a l'honneur d'être un vrai film pour enfants. Un film fait sans méchanceté, sans cynisme et avec un vrai amour pour la bande-dessinée source (cela se voit à la tournure que prends le scénario dans sa dernière partie).
Si la voix-off du chien (celle de Manu Payet) finit par légèrement énerver, on est loin de l'indigestion. Franck Dubosc ne cabotine pas trop et oscille parfois plus vers l'intériorité (preuve en est, il est le seul personnage de l'histoire à subir une petite évolution), cela fait plaisir à voir. Pas grand chose à dire sur les performances de Marina Fois et de Charles Crombez.
En revanche, le spectateur adulte sera peut être vite agacé par les "mises en scène" de l'imagination de Boule (recadrage, musique westerniennes, etc). Il y a peut être ici une trop grande peur d'infidélité face à la bande-dessinée (la voix off du chien et ces mises en scènes en sont un des symptômes). Magnier et Charlot ne s'approprient pas assez le matériau qu'ils ont entre les mains et leur mise en scène est très timide, voire se limite à aligner les clichés du film pour enfants (les génériques en dessins d'enfants, ça suffit!)
Quant à l'intrigue, sa structure est assez épisodique et manque d'unicité sur le long-terme, mais bon, il ne fallait pas à s'attendre à grand chose non plus.
Dans cet univers en formica impeccable, la qualité de la photographie (bien que jolie) finit par agacer tant elle manque de gueule (c'est presque la même que celle, déjà jolie, de "Max"). Standardisation.
Il serait malhonnête d'enfoncer "Boule & Bill" car c'est un film plutôt honnête et qui ne dissimule aucun propos sujet à polémique. C'est peut-être aussi son plus grand défaut.

samedi 2 mars 2013

WEEK-END ROYAL

1h35 - Sortie le 27 février 2013

Un film de Roger Michell avec Bill Murray, Laura Linney & Samuel West
Juin 1939, le Président Franklin D. Roosevelt attend la visite du roi George VI et de son épouse Elizabeth, invités à passer le week-end dans sa propriété à la campagne. C’est la première visite d’un monarque britannique aux Etats-Unis. La Grande-Bretagne se prépare à entrer en guerre contre l’Allemagne et espère obtenir l’aide américaine. Les bizarreries et l’étrange mode de vie du président étonnent les souverains. En ce week-end royal, pris entre les feux de sa femme, sa mère et sa secrétaire, les affaires internationales ne sont pas vraiment la priorité de Roosevelt davantage intéressé par sa relation avec sa cousine Daisy.

La Moyenne des Ours : 1,8/5

Le point de vue de Pépite : 3,5/5
Week-end Royal est un film fonctionnant à deux vitesses, à la fois charmant et désarmant.
Bill Murray campe un Roosevelt amusant, touchant et vif. Laura Linney est charmante et également très touchante. Samuel West et Olivia Colman forment un couple royal excellent. Voilà, ça, c'est posé. Ces deux couples emmènent toute la narration derrière eux, traçant deux sillons bien distincts : l'amourette entre Roosevelt et sa cousine eu 6ème degré (Linney), et la rencontre entre Roosevelt et le couple royal anglais. 
Si la première est au départ charmante, elle devient ensuite plutôt pesante et anecdotique alors que la deuxième histoire, l'Historique, se fait quant à elle passionnante et aussi très drôle. On est parfois ennuyés de devoir retourner à la première intrigue qui intéresse moins. Le titre promet un film centré sur ce week-end historique et la bande-annonce elle-même fait silence de l'amourette... Certes, on comprendra durant le film que ce week-end a été déterminant à la fois pour les rapports anglo-américains et pour le personnage interprété par Laura Linney... Mais on se désintéresse assez vite de son personnage, hélas. 
L'émotion ne vient pas lorsqu'elle découvre que Roosevelt a plusieurs maîtresses et qu'elle en est bouleversée... Non, l'émotion vient dans plusieurs scènes entre la reine et le roi, mais surtout entre Roosevelt et le jeune George VI bégayant, qui vient demander de l'aide pour son pays sur le seuil de la Guerre.
Week-end Royal est un film bicéphale à qui on souhaiterait bien couper une tête, tant l'autre est forte en émotions, en rires et en enjeux. 

Le Mot du Comte : 0,5/5
Quel scandale! "Week-end Royal" est l'exemple même du mot tromperie. La bande-annonce laisse croire au spectateur que le film traitera des relations Roosevelt/George VI, or il n'en est rien. En réalité, l'intégralité de ce qu'il se passe dans "Week-end Royal" tient dans sa bande-annonce. Au delà, il n'y a pas grand chose, si ce n'est une forte dose d'ennui.
Le film s'ouvre sur une voix-off (qui clôt également le film) qui souligne tout ce que l'on voit. Cette voix-off, c'est celle de Daisy, la cousine de Roosevelt, qui, pendant la première demi-heure du film, se ballade avec lui en voiture, en tombe amoureuse et le masturbe à l'orée du bois. Inutile de vous préciser que le personnage de Daisy est complètement inutile à ce qui va suivre.
Au bout de cette pénible première partie, le couple royal britannique arrive chez Roosevelt et commence alors un long enchaînement de séquences sans queues ni tête. Ça bavarde, ça finasse sur des hot-dogs (on ne sait pas trop pourquoi), de lourds gags sont répétées (des plats renversés et des assiettes cassées, youpi). Le jeu des acteurs ne suffit pas à sauver le film de la mise en scène ultra lourde de Roger Michell.
Les rares scènes qui ont des enjeux intéressants sont gâchées par le manque d'idées d'un scénario qui ne fait qu'effleurer la surface des choses et qui contredit son propre thème (ne pas juger ce qu'on voit mais la profondeur, en témoigne la scène Roosevelt/George VI autour d'un whisky). "Week-end Royal" n'a hélas rien à cacher, car c'est un film qui ne dit rien.
En fait, le problème majeur du film est qu'il tente de traiter deux sujets : l'appétit sexuel de Roosevelt et la rencontre soi disant historique entre le couple royal et la présidence américaine (soi disant, car ici traité avec une légèreté outrageante). Mitchell choisit donc de traiter les deux, et donc n'en traite aucun avec profondeur. Les deux sujets n'ont absolument aucune connexion. 
Quelques moments feront sourire (ceux qui impliquent le couple royal) mais le reste, malhonnête et figé par des blagues molles et une intrigue piteuse, plonge le spectateur dans la plus grande indifférence et énervé d'avoir été ainsi trompé sur la marchandise.